Résumé: - « Moi je veux bien un porte-bonheur comme Martis ».- « Quoi ? Ne me dis pas que tu crois à ces trucs ? ».Décidément, blaireaux et renards ne sont pas pareils. Et quand il s'agit des croyances, évidemment, ils ne sont jamais d'accord. Quand leur ami Martis arrive avec un porte-bonheur, Carcajou se moque et décide de prouver à tout le monde qu'il n'y a rien de magique dans ces amulettes en bois. Mais l'affaire n'est pas simple, l'expérience tourne mal et le doute s'installe. Si tout ça n'est qu'une question de hasard, comment se fait-il que certains semblent clairement plus chanceux que d'autres ? Avoir de la chance, finalement, à quoi ça tient ?
A
près avoir reçu une amulette offerte par un vieux raton laveur, Martis est convaincu qu’il ne lui arrivera dorénavant que de bonnes choses. Sceptique, Carcajou souhaite démontrer à ses copains que la magie n’existe pas. Ses certitudes sont toutefois ébranlées.
Brigitte Luciani fait confiance à l’intelligence des jeunes. À travers une histoire mignonne comme tout, elle discute de la superstition et de la croyance, sans les attaquer trop frontalement. En terminant l’album, le gamin conçoit que prêter foi aux vertus d’un bout de bois n’est peut-être pas raisonnable… mais dans le fond, si cela réconforte un ami, pourquoi pas ? La scénariste convoque même la démarche scientifique lorsque son héros tente d’illustrer ses convictions à l’aide d’une expérience. Elle explique en outre que tout est relatif. Ce que l’un comprend comme une malchance peut être une chance, s’il considère les événements d’un œil positif : « Regarde-toi! Tu n’es pas blessé. Tu as pourtant fait une sacrée chute. »
L’autrice se met donc à hauteur d’enfant pour exposer des concepts complexes. En fait, ce livre pourrait certainement constituer un outil pour le parent qui ne sait comment aborder ces enjeux.
Le dessin à l’aquarelle d’Ève Tharlet est très joli. Ses personnages apparaissent tout à fait sympathiques et il est certain que les mômes s’identifieront sans mal à eux. L’artiste traduit habilement l’émotion dans le regard de ses comédiens qui jouent toujours juste.
Soulignons que Dargaud Jeunesse fait bien les choses avec une couverture matelassée et des planches imprimées sur un papier cartonné qui survivra aux nombreuses lectures et aux pages tournées par des mains parfois maladroites.
Alors que les canulars pullulent, que les vérités se montrent alternatives et que les idées les plus farfelues obtiennent audience, le lecteur se demande si certains adultes n’auraient pas eux aussi intérêt à lire Le porte bonheur.