Il existe un fameux documentaire N&B des années 60, « MEAT », qui explore sans fard les circuits et les détours d’un abattoir aux états unis. Sans aucun commentaire, sans aucune concession on voit la vie au quotidiens de ces dépeceurs, de l’abattage des bêtes aux luttes syndicales.
Moloch est dans la même veine. Travaillé à partir de photo prisent par l’auteur dans une usine métallurgique, ce livre presque angoissant relate le parcours d’une journée de l’auteur en repérage pour son livre. L’usine nous est présentée comme un monstre d’acier à la vie propre dont les dédalles sont autant de tentacules, des recoins sombres où sont tapies des serviteurs métalliques aux formes et aux fonctions étranges accompagnés de quelques humains dont on ne sait qui est le maître ou l’esclave. Tous accomplissent leur besognes et tendent vers un destin qui semble au delà de la compréhension humaine.
Moloch est un dieu cruel, qui exige des sacrifices.
Un livre aussi saisissant et moins moralisateur que « les mauvaises gens ».