Résumé: On considère ce qu'on voit, dans une bande dessinée, dans une double évidence : l'image ne laisserait rien échapper à notre regard, elle serait toute entière affirmation d'elle-même ; et l'image serait rendue plus évidente encore par le récit, dont elle ne serait que le contexte. Mais si le fait même de regarder devenait l'objet d'un récit ? S'il n'y était question que des rapports entre différents moments du regards, différentes façons de regarder, différents angles de vues ? et si cette question prenait son sens dans des questions politiques, celles par lesquelles un monde, une nation, une cité, se construit précisément en donnant à voir uniquement certains points de vue et en les appelant "réalité" ? Dans le chaos apparent des images de ce livre se dessine une forme d'éducation au regard, au discernement, à la conscience rénovée de la puissance politique des images.
« =+ » fait écho à « Moins par moins » qui parait au même moment aux Éditions Rackham. Mais il en est l’écho mutique. La guerre mise en scène dans cet ouvrage est bruyante, bavarde, braillarde, outrageante, en tout cas dans sa version parisienne (celle de Rackham). La version bruxelloise (celle de La 5e Couche) a réduit ce champ de bataille au silence, laissant les images pleinement exprimer la violence du conflit guerrier. Des images composites, grouillantes, en feuilleté, en strates, qui convoquent la bande dessinée, le manga, le comics, Vaughn Bodé, Edgar-Pierre Jacobs, H. G. Wells, Ed Wood, le dessin vectoriel, l’image numérique, la peinture classique et l’abstraction…