Résumé: Vivre la quarantaine pour Aude Picault, c'est se rebeller contre l'inexorable routine quotidienne, l'usure du couple, les inévitables contraintes familiales et donc professionnelles, sans compter l'éco-politico-anxiété galopante... Mais la quarantaine, c'est aussi cet âge où l'on apprend à s'accepter tel que l'on est et à trouver son chemin !
7
h15. La bouilloire est enclenchée... Clic ! C'est le coup de feu, le début d'une course effrénée. Une quadragénaire prépare le petit-déjeuner pour tout le monde, réveille sa fille, se prépare, tout en restant attentive à l'heure. Le stress monte quand l'heure fatidique de l'école arrive et la journée commence sur les chapeaux de roue. Mais ce n'est qu'une première étape. Au travail, il faut trouver l’inspiration, cohabiter avec ses collègues, le tout avec la fatigue qui s’accumule. Finalement, la soirée s’installe avec son lot de corvées pour finir d’achever la journée... et son héroïne avec. Les lendemains se suivront et se ressembleront. Mais alors, comment sortir de cette spirale de routine infinie ?
Dans ce troisième volet de sa série Moi je, commencée en 2005, le lecteur retrouve avec plaisir l’alter ego d’Aude Picault. Moi, je quarantaine dresse un portrait réaliste de nombreuses femmes d’aujourd’hui, qui, à 40 ans, jonglent entre la maternité et leur carrière. L'autrice réussit à dépeindre de façon touchante comment ces mères se perdent dans leur rôle. Les exigences patriarcales, la pression de tout mener de front les poussent à se mettre en mode automatique, au risque de devenir l'ombre d’elles-mêmes. Au travers de scènes de vie, la narratrice capture une réalité parfois oppressante. Tout y passe et sans tabou : la charge mentale, l’intégrité à ses valeurs, la vie de couple, la relation parent-enfant et la domination masculine. Mais le tour de force de la bédéiste réside dans son humour pince-sans-rire qui lui permet d’alléger son propos, offrant ainsi une certaine bouffée d’oxygène.
Avec un trait fin et délicat, rehaussé par des touches d’aquarelles, elle met en scène une histoire avec simplicité et parvient à transmettre les émotions de ses personnages.
Moi, je quarantaine offre un manuel d’auto-dérision, permettant de rire d’un quotidien parfois lourd et de traverser la crise de la quarantaine avec plus de légèreté !
Les avis
Erik67
Le 16/11/2025 à 09:10:02
Cela faisait un certain temps que je n'avais plus lu une œuvre d'Aude Picault que j'avais découvert à ses débuts. C'est toujours un plaisir pour moi de me relier à nouveau avec ses nouvelles créations. J'ai pu d'ailleurs observé au fil des années de notables améliorations.
En ce qui me concerne, la quarantaine a sans doute constitué mes plus belles années mais elles ont filées à la vitesse de la lumière. L'autrice Aude Picault va raconter les siennes dans son quotidien au titre de cette BD autobiographique. C'est toujours un témoignage assez intéressant.
Elle fait suite à une précédente œuvre s'intitulant « Moi je » que je n'avais pas pu découvrir et qui racontait déjà ses tribulations quotidiennes d'une jeune femme croquant la vie à pleine dent. Elle se décrivait comme râleuse et dragueuse, qui aime boire un coup, séduire les garçons et s'amuser. Tout ce que j'aimais auparavant !
Maintenant, c'est toujours instructif de savoir ce qui se passe 20 ans après. On va passer de la futilité à quelque chose de plus profond puisqu'elle va être confrontée à la fameuse crise existentielle des 40 ans à l'approche de la ménopause. Il y a toujours à travers cette œuvre autobiographique cette même transmission des sentiments qui me parlent.
On observera une nette amélioration de son trait qui reste toujours aussi efficace dans sa simplicité mais également dans son expressivité. La nouveauté provient sans doute de l'ajout de la colorisation et cela lui va plutôt bien.
Cela me fait quand même de la peine pour l'autrice qui semble s’accommoder d'une vie familiale qui ne lui ressemble pas entre toutes les tâches ménagères qui lui sont dévolus pendant que son mari semble prendre du bon temps en étant totalement détaché.
En effet, j'ai senti comme une névrose liée au poids des années et surtout un désenchantement par rapport aux évolutions de notre monde actuelle partagée par la peur de la guerre et du changement climatique. L'autrice fait par exemple remarquer à son conjoint qu'il utilise trop d'eau pour faire la vaisselle sans se rendre compte du gâchis.
Triste vie que de fouiller les corbeilles pour reprocher à ses collègues de bureau de jeter des mouchoirs en papier qui ne sont pas recyclables. Mais qui fait donc ça autour de vous ?! Oui, c'est bien le diktat de ce nouveau monde tourné vers l'écologie des gestes de vie au quotidien.
Au final, tout cela est bien désespérant ! C'est aux antipodes des débuts plutôt réjouissants et cela marque incontestablement.
En résumé, cela reste léger dans le traitement mais c'est captivant comme à chaque fois pour dénoncer les travers de la société actuelle et surtout de la vie de couple assez déséquilibrée entre les hommes et les femmes. Du bon travail de la part de l'autrice qui parvient à passer son message !