Info édition : Format 213 x 278 mm. Noté première édition.
Résumé: Sacha est un petit garçon neuroatypique. Il vit dans son monde imaginaire, il projette des histoires inventives qui se déroulent dans l'espace et dont il est le héros, nommé Mitsuo. Il veut trouver la planète Néolia. Pour cela, il ne lui manque plus qu'une carte à trouver. Il tente d'échapper avec son équipage aux monstres qui le poursuivent. Mitsuo actionne l'accélérateur, le vaisseau s'envole. Mais il est endommagé et l'hyperdrive est touché. Il faut atterrir de toute urgence, même si cela risque d'être complexe. Si le petit garçon a l'esprit plongé dans sa narration, de l'extérieur, ses camarades et les adultes le voient jouer avec les objets qu'il a sous la main. D'ailleurs, ses parents ont été convoqués par son enseignante. Et tandis que la professeur s'exprime sur Sacha, sa maman le regarde tendrement par la fenêtre. Pourtant, l'heure n'est pas à la rigolade. Sacha a un niveau catastrophique, ils ne vont pas pouvoir le garder plus longtemps dans cette classe. Il demande trop d'attention, les enseignantes ne peuvent plus le prendre en charge. Elles expriment que Sacha est un petit garçon très agréable lorsqu'il est dans son monde, mais lorsqu'elles tentent de l'en sortir, d'échanger avec lui, il devient problématique. Son père est en colère. Ils trouveront une autre école. Ce n'est pas la première fois que cela arrive, de toute façon. Mais la professeure insiste. Ce n'est pas d'une autre école, dont il a besoin, mais d'un centre spécialisé pour qu'il soit pris en charge. Cette solution est inenvisageable par la mère de Sacha...
À
la tête d’un équipage rebelle, Mitsuo a fort à faire pour contrer l’Empire intergalactique. Il le sait : il ne lui manque que quelques éléments pour enfin constituer la carte qui le conduira à Néolia, la planète des âmes disparues. Mais cette mission est semée d’embûches et il faut notamment trouver le moyen de mener, le moment venu, le vaisseau à bon port. Accompagné de Plume et Ed, Mitsuo ne baisse pas les bras… Toute cette histoire n’est pas réelle. Elle est le fruit de l’imagination de l’auteur d’une bande dessinée dont Sacha, sept ans, est complètement mordu. Tellement fan qu’il croit être Mitsuo lui-même. Entouré de ses jouets, le petit garçon vit des aventures incroyables, coupé du monde réel. Le système scolaire n’arrive plus à suivre. Une nouvelle fois, ses parents sont invités à le placer dans un institut spécialisé. Emma, sa mère, refuse et s’enfuit avec lui. Elle est convaincue qu’en entrant dans son monde, elle pourra comprendre la psyché troublée de son fils et l’aider à aller mieux.
Il est difficile de ne pas sortir un peu bouleversé par la lecture du premier tome de ce diptyque tant elle déborde d’émotions. Jérôme Hamon (scénario) y déploie une histoire profondément intime, reflet de son propre vécu. Sacha est un garçon comme beaucoup d’autres, atteint de TDAH (trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité), un trouble du neurodéveloppement qui le conduit à ne pas entrer dans le moule de la société. Que les choses soient claires : le récit n’est ni larmoyant, ni un pamphlet. Mais il pose sur la table des questions cruciales quant à la prise en charge des enfants neuro-atypiques. À commencer par le manque de moyens et de formation du personnel de l’éducation nationale pour accompagner les familles. Dans cet album, les deux parents abordent le sujet de manière très différente. Malo, le père, se sent démuni et est tenté de faire confiance aux recommandations qu’on lui formule en plaçant Sacha au centre des Augustins. Mais Emma refuse de voir son fils immédiatement mis sous médicaments pour le tranquilliser. Elle cherche à explorer une autre voie, dans laquelle la compréhension de son fils serait la clé pour lui offrir une vie « normale ». Sans condamner de manière absolue le recours aux méthylphénidates, l’auteur pointe ainsi leur usage systématique et indifférencié alors qu’aujourd’hui, aux États-Unis, un enfant sur dix prend de la « Ritaline » quotidiennement.
Si ces sujets lourds sont au cœur de l’histoire, ils ne sauraient la résumer. Car le lecteur est également invité à se plonger dans l’univers de Mitsuo, à le voir tel que Sacha le vit. Gijé (dessin, couleurs) met en images l’espace infini, les monstres et batailles stellaires et crée de merveilleuses ambiances. Jouant de manière systématique sur la superposition entre réalité et fiction, le dessinateur alterne des pleines planches spectaculaires et des cases aux plans serrés, mettant en exergue les sentiments des personnages. Au détour d’un regard ou d’un sourire, la tendresse pointe le bout de son nez dans la rondeur du trait. À l’unisson, les deux auteurs parviennent à ne pas proposer un ouvrage triste. Au contraire, l’espoir et l’amour traversent chaque page et chacun des protagonistes. En cela, le livre est probablement accessible – comme le suggère la classification retenue par l’éditeur – dès 9 ou 10 ans. Le jeune bédéphile, accompagné dans sa lecture, pourrait parfaitement apprécier le voyage et s’éveiller à des problématiques auxquelles il est susceptible d’être confronté. De leur côté, les adultes peuvent savourer un joyeux retour dans l’enfance, cette période où l’imaginaire est foisonnant et palpitant et qui, avec le temps, s’estompe parfois.
Particulièrement convaincant, ce premier opus (sur deux prévus) de Mitsuo se conclut sur d’importantes révélations qui ne font que renforcer l’envie de découvrir la suite.
La preview
Les avis
Zablo
Le 02/12/2024 à 08:25:59
Une excellente BD ?
Il était une fois un jeune garçon, enfermé dans un monde imaginaire. La maman, complètement désemparée par la maladie de son fils, recherchait un meilleur environnement pour lui. Ainsi, elle l'emporta avec elle, sur un coup de tête, une intuition, vers un village de campagne. Elle se mit alors à sa hauteur, enfila son plus beau costume de space opéra, pour renouer les liens avec Sacha et entrer dans son univers enfantin, celui de Mitsuo...
...Or, je ne fus pas totalement conquis pas cette histoire.
Si Gigé est un auteur de talent, j'ai eu malheureusement beaucoup de mal avec le rendu de ses pages, à la tablette graphique. La composition est un peu trop simple à mon goût - je suis un adulte exigeant - l'épaisseur des couleurs ainsi que le flou des images m'ont aussi gâché le plaisir, celui de prendre le temps d'admirer les planches, les cases, dans leurs moindres détails. Mais, peut-être qu'un enfant, au rythme de lecture différent, ne verrait pas ces dessins numériques du même oeil ? Car, il y a aussi des scènes époustouflantes, en particulier les pleines pages (p. 132 par exemple)...
De plus, le scénario, amené par Jérôme Hamon, a une belle énergie. En effet, l'histoire est particulièrement saisissante, on ne peut s'empêcher de tourner les pages. Cette nouvelle BD, sur les handicaps invisibles, démontre encore une fois que ce sujet peut être magnifiquement pris en main par l'art neuf (dans le genre, lisez Ted, Drôle de Coco...). Mais, je reste un peu frustré... Car, cette BD qui se focalise sur le point de vue de l'enfant, avec une vision assez stéréotypée du monde, amène peu de solutions au final - si ce n'est s'intéresser un peu plus aux enfants, à leurs individualités - et dresse ainsi un portrait à charge des parents, des professeurs, du milieu médical, des policiers. Surtout, la responsable des Services Sociaux est particulièrement effrayante, à l'image d'une méchante de Disney (je pense notamment à Médusa, dans Bernard et Bianca, ou même à Cruella). Visiblement, Jérôme Hamon ne semble pas aimer beaucoup les fonctionnaires...
Malgré cette dichotomie, les intentions positives des auteurs sont évidentes. Faisant le tour de force d'allier rêves et réalité, la BD donne à voir le ressenti d'un adolescent en difficulté, malmené par les institutions, qui ne le prennent pas suffisamment en compte. Émerge ainsi un récit d'un genre nouveau, haletant, émouvant et non moins immersif.
Peut-être que le prochain tome saura donc me bluffer ? Après-tout, n'est-ce pas ce qu'il s'est passé avec le dernier tome de Madeleine Résistante, que j'ai vécu comme une véritable apothéose, celle de Riffaud, après avoir pourtant émis des réserves sur les débuts de la série... Et puis, après tout, ce récit n'est-il pas fait...
...Plutôt pour les jeunes.
Malgré un avis contrasté, je remercie donc les éditions le Lombard de m'avoir envoyé ce livre et ainsi fait découvert une œuvre sensible.
MC
skydertow
Le 19/11/2024 à 17:47:39
Dessin plutôt paresseux et stéréotypé dans les coins, les feuilles volent c'est beau c'est l'automne mais la couleur un brin m'as tu vu fait la blague .
Je suis aussi réservé sur le scenario qui brasse quand même pas mal de clichés sur le sujet qu'il traite. Les bonnes intentions ne font pas nécessairement les bons albums, surtout pas...
roquevidal
Le 05/10/2024 à 10:50:32
Mon grand coup de coeur de la rentrée.
Sacha a bientôt 8 ans. C'est un enfant qui est devenu complètement asocial. Il s'enferme dans son monde imaginaire inspiré d'un Manga appelé Mitsuo, un aventurier intergalactique. Ses parents sont désespérés car ils ne savent pas comment gérer, ni même communiquer avec lui simplement. Renvoyé de tous les établissements scolaires, sa mère refuse de le laisser dans un établissement spécialisé et s'enfuit avec lui. Pour communiquer avec Sacha, elle se décide à rentrer dans l'univers de son manga préféré. Pour comprendre, pour simplement retrouver des moments de tendresse avec lui.
Cette histoire particulièrement émouvante est merveilleusement racontée. Tous les personnages sont extrêmement attachants. On est totalement immergé. L'émotion se retrouve à chaque page. La révélation à la fin nous secoue particulièrement et on attend avec impatience la suite de ses aventures, cette fois, avec son père.
A lire absolument