Info édition : Avec un cahier graphique de 8 pages en fin d'album.
Résumé: Mr Mammoth est un détective hors du commun:géant à l'apparence monstrueuse, il refuse la violence. Brillant, il continue de vivre modestement, dans un bureau insalubre, et refuse même d'avoir une assistante. Quand un richissime client vient le voir pour enquêter sur un mystérieux maitre chanteur qui le menace, alors qu'il prétend n'avoir rien à se reprocher, le détective décide de relever le défi. Et si derrière cette enquête se cachait des secrets bien enfouis? Si cette enquête semble simple, elle va devenir obsessionnelle pour Mr Mammoth car elle va réveiller des souvenirs douloureux de son enfance qui vont remonter à la surface.Une première création transatlantique inédite:Matt Kindt a relevé le défi d'écrire pour la première fois un récit «franco-belge» spécialement pour Jean-Denis Pendanx. Un récit ciselé aux multiples chausse-trappes par un maître du genre, augmenté d'un cahier graphique inédit de 8 pages dans la première édition.
À
la fin de l’été de l’année 1970, à New-York dans un bar miteux, un soap existentiel tourne en boucle sur un poste de télévision. Dehors, un colosse défend son programme discutable face à une quinzaine d’hommes exaspérés de n’avoir pu observer la seconde période des prolongations de la rencontre sportive du soir. Le lendemain, Mister Mammoth a le visage esquinté. Peu importe, c’est le lot de tous les privés. Aujourd’hui, William Corona lui propose une affaire. Un maître chanteur tente de lui soutirer le fruit d’une vie de travail. Un classique. Cependant, à cinq mille dollars par jour, difficile de refuser l’enquête.
Avec Mister Mammoth, la structure éditoriale Futuropolis présente une association de talent inédite et transatlantique. D’un côté, Matt Kindt endosse la tenue de scénariste de roman de gare, de l’autre Jean-Denis Pendanx dépeint les investigations en respectant les codes du genre (clopes, chapeaux fédora et trench-coat).
L’écrivain installe son histoire au début des seventies. Le taux de criminalité a explosé alors que Wall Street connaît des années de vaches maigres, dont le paroxysme sera atteint trois ans plus tard avec le choc pétrolier d’octobre 1973. Le climat est idéal pour tenter d’extorquer un industriel. Ensuite, l’Américain adopte un personnage principal hors norme. Indiscutablement taillé comme un animal, Mister Mammoth est affublé d’une carrure démesurée, d’une mâchoire avancée, d’arcades sourcilières prononcées, d’un regard glacial et de lèvres quasi-inexistantes. Pourtant, l’homme est plus sensible que son physique ne le laisse présager. Et cette affaire, d’apparence assez banale, le remue et ravive des secrets d’enfance profondément enfouis. Mais pourquoi ces réminiscences surgissent-elles précisément maintenant ? Est-il à un tournant de sa vie ? Est-ce une saison de l’année couramment douloureuse ? Quant à la telenovela dont il s’est entiché, que peut-elle bien représenter pour ce titan ?
L’auteur ne dévoile pas les clefs du mal qui semble ronger son détective. Il distille pourtant de nombreux strips de respiration affectant le rythme du récit. La lecture est fluide (trop) et agréable (jamais trop). Elle est également tout en contournement, éludant de plonger franchement dans le passé trouble de l’anti-héros. D’habitude, Matt Kindt utilise habilement le format comics afin de développer plusieurs trames narratives. Dans l’amoncellement des séquences, il parvient à entretenir la curiosité de son lectorat et ses productions passionnent en conséquence. De fait, ce polar aux atours de franco-belge devient à cet égard un défi de concision. Et cet exercice de style manque pour l’instant de matière et/ou d’enjeu. La suite est ainsi très attendue et suscite déjà une nouvelle interrogation. Ne fallait-il pas simplement éditer un livre auto-conclusif ramassé, plutôt qu’un diptyque ?
La partition graphique relève donc des pinceaux de Jean-Denis Pendanx (Abdallahi, Svoboda, A Fake Story). Son style, parfois qualifié de réalisme poétique, s’accorde parfaitement au canon du policier poisseux. L’artiste fait merveille dans la restitution des ambiances, que ce soit la chaleur étouffante de The Big Apple ou bien les pluies chaudes de l’été. Sa maîtrise picturale flatte la rétine et accompagne la narration en insistant sur les atmosphères feutrées. Le rendu bénéficie d’un grain traditionnel, moins tape-à-l’œil qu’une colorisation assistée par ordinateur. Les planches possèdent un côté « artisanal », à la fois suspendu et délicat. Une merveille ! Réservé à la première édition, un cahier de huit pages expose l’élaboration des personnages sans évoquer les arcanes du projet. Un petit rédactionnel aurait été souhaitable et aurait pu aborder la genèse de cette entreprise. Au moins, les crayonnés démontrent au besoin que le génie du dessinateur ne se résume pas au romantisme de sa peinture.
En somme, la prometteuse collaboration garde encore une grande part de mystère. La mise en bouche est certes attrayante, mais le plat de résistance se fait attendre au point que le lecteur reste légèrement sur sa faim !
Les avis
Erik67
Le 28/11/2022 à 07:45:45
J'ai bien aimé ce détective au visage complètement fracturé mais qui dégage une certaine puissance de par sa grande corpulence. Il est le meilleur de sa catégorie et va se mettre le temps d'une enquête au service d'un riche industriel qui a bien des secrets à cacher. Le cadre est celui du New York des années 70.
La philosophie de ce détective taciturne est d'accepter les affaires les plus difficiles afin de ne pas s'ennuyer car cela le pousse vers l'excellence. Vers la fin, on se rend compte qu'il y a toute une histoire également cachée autour de ce personnage décidément très énigmatique.
Jean-Denis Pendanx est vraiment très à l'aise au dessin. C'est à la fois dynamique et détaillé à souhait. J'ai bien aimé la mise en page également qui fait très cinématographique. C'est assez facile d'accès. Il y a également un côté couleur délavé qui donne un certain cachet à l'ensemble.
J'ai bien aimé cette association presque improbable entre un scénariste américain de renom et un auteur français qui a fait ses preuves.
Bref, c'est le genre de polar que j'aime bien car pas trop alambiqué inutilement. A suivre dans le second et dernier tome qui va nous apporter toutes les réponses. En trois mots : classique mais efficace.
Touriste-amateur
Le 18/11/2022 à 08:34:45
Cet avis porte sur les deux tomes que j'ai lus d'une traite.
Moitié Hulk pour le physique, moitié Inspecteur Colombo pour la perspicacité, Mister Mammoth est un détective redoutable!
Et bien sûr, lorsqu'il est sollicité par un richissime personnage pour enquêter sur une simple photo banale, il comprend vite qu'il y a anguille sous roche...
Le pitch est intéressant, mais la réalisation m'a laissé relativement indifférent.
Les dessins sont beaux, mais parfois gâchés par des perspectives surprenantes et des différences lorsqu'une scène se déroule dans un endroit mais sont des angles différents (ça, j'aime pas!).
Le scénario m'a laissé perplexe. Ca part dans tous les sens, on ne sais pas trop où ça va. On comprend que quelque chose ronge Mr Mammoth, mais ce n'est pas clair. Des indices sont laissés, mais ils n'aboutissent pas.
Et je n'ai rien compris à la fin. Qui est cette femme?
Bref, ça se lit vite, trop vite quand même. Mais bien, il faut le reconnaître. A emprunter à la bibliothèque, pas à acheter.
Yovo
Le 09/05/2022 à 20:12:45
Vraiment sympa cet album !
Il y avait de toute façon peu de risques d’un ratage avec ces deux-là : Matt Kindt, scénariste exigeant et pointu et Jean-Denis Pendanx, excellent dessinateur qui s’améliore davantage à chaque parution.
Décors, ambiances, ton, rythme... ils cochent toutes les cases. Un ensemble très plaisant à lire couronné par le personnage de Mammoth qui a un potentiel aussi énorme que sa silhouette. Je ne serais d’ailleurs pas surpris qu’une série voit le jour après le second tome à paraitre en juin.
Cela dit, c’est pour l’instant beaucoup trop court pour se faire une idée. 48 petites pages et 20 mn de lecture à tout casser… Espérons juste que ces bonnes intentions se confirment. A suivre.
Grobool
Le 14/03/2022 à 22:34:28
Un bon album d'introduction, qui se lit vite, trop vite, mais qui laisse un soupçon de curiosité pour des éléments de la trame (pour ceux qui aiment les séries télés....).
Scénaristiquement, je n'aurai pas pensé que Matt Kindt pouvait faire des scénarios si "linéaire"... j'étais trop habitué à Mind MGMT ou à Folklords....
Visuellement, c'est magnifique... mais vraiment très somptueux... c'est un "vrai" polar...
Visuellement plus fun que le dernier The Batman au cinéma (haha.... enfin c'est moi qui le dit hein :))