M
on Dieu ! Les terroristes du groupe Fox Hound ont pris d'assaut l'île de Shadow Moses, réservoir secret
de missiles atomiques situé en plein Alaska. Par un hasard malencontreux, la dernière mission
d'entretien a laissé traîner derrière elle la fille du colonel Campbell avant de quitter les lieux. Les
revendications de Fox Hound sont claires: ils exigent la livraison du corps de Big Boss, LE soldat par
excellence duquel ils espèrent extraire un gène qui transformera n'importe quel pacifiste en foudre de
guerre. Solid Snake est prié de se présenter au rapport...
Quand on sait les efforts qu'un éditeur BD doit déployer pour ravir à ses concurrents (jeux video, cinéma,
musique) le budget d'un adolescent consacré à ses loisirs, il y a de quoi rester songeur à la lecture de
Metal Gear Solid. Si vous avez aimé les aventures de Solid Snake sur consoles, ne perdez pas votre
temps avec cet album et retourner affiner vos techniques d'infiltrations en attendant le quatrième volet
de la saga.
Parler de scénario serait accorder trop d'honneur à Kris Oprisko. A croire que vingt minutes de jeu lui
auront suffi pour poser l'essentiel de son synopsis. La trame consiste pour Snake à passer d'un couloir à
l'autre, en jouant avec les angles morts et zones de pénombre. C'est tout ? Ben oui... Ah si, le commando
furtif ramassera tout de même de précieuses munitions, encore et toujours, et ne manquera pas
d'informer l'équipe de soutien de chacune de ses lumineuses pensées. "Ok, colonel. j'ai trouvé d'autres
grenades. Je suis assez équipé pour l'instant." "Une caméra de surveillance ! Profil bas." "Colonel, je suis
sur l'aire d'atterrissage, mais c'est chaud. Il faut que j'en élimine un [garde]". Affligeant. Il y a fort à
parier que notre ami Oprisko ait fait main basse sur script complet des dialogues du jeu.
La présence d'Ashley Woods au dessin ne sauve malheureusement pas ce premier tome (réjouissez-vous,
d'autres sont à venir) du désastre. Pas plus motivé à dessiner que nous à lire, il enchaîne le barbouillage
sous Painter et les déluges d'applats floutés. On a connu l'artiste beaucoup plus inspiré sur son
adaptation de Spawn dans Blood & Shadows ou encore Blood & Salvation. Ca sent la commande
alimentaire à plein nez !
Alors, Snake parviendra-t-il à démanteler Foxhound et à mettre une raclée définitive à Liquid Snake ?
Mais surtout, la fille du colonel Campbell apprendra-t-elle à lire correctement une carte, histoire de ne
pas se laisser enfermer à nouveau dans un stock d'armes nucléaires ? Honnêtement, on s'en moque un
peu...
Les avis
Reznik
Le 22/04/2007 à 11:28:34
Cette bande-dessinée est la transcription papier du hit vidéoludique planétaire du même nom et, disons le tout net si vous n'en avez jamais entendu parler alors vous pouvez continuer votre route.
En effet cette adaptation est réservée au fans qui pourront y trouver un moyen de se replonger dans une histoire d'espionnage unique et rondement menée.
Mais tous n'accrocherons pas et seuls les fétichistes (comme moi) adhèreront sans broncher. Pourquoi cela ?
Déjà on peut s'interroger sur la pertinence du support BD qui paraît moins adapté à la saga que le support cinéma (un lien depuis toujours revendiqué par le créateur H. Kojima).
Ensuite il faut dire que nous avons là une transcription assez simplifiée du scénario original. Les évènements et les rencontres avec les nombreux protagonistes s'enchaînent brusquement. Pas de problèmes pour faire le lien si les souvenirs sont encore vivaces mais le novice aura une désagréable impression de vide.
Par ailleurs, on peut regretter que le scénariste K. Oprisko n'ait pris aucun risque et se soit contenté de dupliquer le (brillant) matériau d'origine.
Le tout garde un aspect vidéoludique très marqué : voix off de Snake qui nous explique ses moindres gestes (ex : "là, un garde ! Je le contourne par la droite et..." ou "j'ai trouvé une grenade"), dialogues de circonstances, progression "par niveaux", alternance infiltration/dialoque/boss assez mécanique... Tous ces éléments sont quelque peu déroutant au début mais on s'y fait finalement.
Au moins l'oeuvre ne renie pas ses origines.
Si le travail scénaristique déçoit, l'aspect graphique en revanche détonne. Les illustrations stylisées d'A. Wood s'accordent fabuleusement bien avec l'univers MGS et justifient à elles seules l'achat de ce tome. Snake, Ocelot ou le ninja possédaient à la base un design furieusement réussit. Le dessin les sublimes encore d'avantage.
Le choix est donc simple : les profanes de MGS n'y verront aucun intérêt, les gamers "du dimanche" seront déroutés et les fans purs et durs seront conquis.