«
- Dans la famille Yamada, je demande le père !
- Voilà « monsieur pachinko » alias « l’homme qui achète des livres mais ne les lit pas ».
- Et la mère !
- Hop ! Elle rapplique aussi vite qu’elle engloutit des mochi !
- Allons, le fils !
- Celui-là alors ! Abonné au 33/100 en maths…
- Et maintenant la sœur !
- Tsss ! Celle qui oublie toujours ses bouquins et ne fait pas ses devoirs…
- J’appelle la grand-mère !
- Ah, Shige ! L’inénarrable au verbe acerbe, à la critique facile…
- Bon, je crois que je les ai tous. Je n’oublie personne ?
- Euh… non, je ne vois pas…
- Tu es sûr ? Pourtant… il me semble…
- Ah si ! Pochi ! Le chien boudeur ! Trop tard. Allez à moi ! Chez les Yamada, j’appelle… »
Revoilà la famille nippone typique, un peu moyenne, un peu gaffeuse, un peu bétasse, toujours comique. La collection Shampooing des éditions Delcourt nous offre un troisième pavé magistral de ses aventures sous forme de yonkama (sketches en quatre cases verticales), parues dans l’Asashi Shimbun entre juin-juillet 1995 et janvier-février 1997. Les tribulations de ce quintette de choc, accompagné de son atone compagnon canin, se poursuivent toujours aussi joyeusement, chacun des membres vaquant à ses travers les plus marquants. Éléments récurrents faisant sourire, la gourmandise de Matsuko et son peu d’inspiration culinaire, l’intempérance de Takashi en matière de pachinko, la causticité de Shige, la flemmardise de Noboru et l’insouciance de Nonoko envahissent les pages, parvenant tant bien que mal à se renouveler grâce à la diversité des situations. Cependant, Hisaishi Ishii intègre de nouveaux paramètres qui régénèrent la base des saynètes et apportent un regain incontestable à sa chronique du quotidien. Ainsi, élu délégué de sa classe – comment, c’est un mystère ! – le fils se trouve acoquiné d’un pendant féminin avec lequel il forme un amusant manzaï (duo comique). Et la mère, jusque là au foyer, reprend un travail de secrétaire dans une PME. Une occasion parfaite pour l’auteur d’évoquer quelques scandales comme la forte prégnance des yakuza dans les entreprises ou les pratiques de certains patrons n’hésitant pas à s’offrir des sorties en galante compagnie au frais de leur société. Par ailleurs, les suites de l’affaire de la secte Aum et les conséquences du séisme de Kobe, largement représentées dans le deuxième album, font encore l’objet de quelques sketchs dans celui-ci.
S’il vaut mieux être accro du Pays du Soleil Levant pour bien tout comprendre, Mes voisins les Yamada constituent une lecture divertissante. Attention toutefois à déguster les saynètes au coup par coup afin d’en extirper tout le sel et d’éviter la crise de foie fatale qui pourrait en dégoûter ! Car la récurrence de certains thèmes, à lire trop vite, risque de faire glisser du savoureux à la fadeur.
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