Résumé: India est sujette à des crises de panique. L'air lui manque soudain au point de la faire suffoquer. Pourtant, elle a tout pour être heureuse : un compagnon, qui l'aime – Pier – et un métier qu'elle adore – institutrice.
Mais quand une de ces attaques la surprend en pleine classe, les parents mettent la pression sur la direction pour qu'elle soit licenciée. Quant à Pier, il est perdu.
Peu à peu, elle prend conscience que chercher à vaincre son « ennemi » est vain. Et qu'il vaut mieux tenter de l'apprivoiser. En parallèle à la thérapie qu'elle entame dès le premier chapitre, elle a recours à l'écriture et fait appel à son imagination.
Une belle histoire de résilience intime délicatement mise en scène par un dessin hyper sensible et une palette de couleurs tout en nuances et en fragilité. Le noir, magnifique et inquiétant, illustre les états dans lesquels est plongé le personnage et les contes qu'elle raconte à ses élèves.
I
ndia a vingt-neuf ans. Elle travaille comme enseignante, un métier qu’elle affectionne. C’est du reste avec les enfants qu’elle se sent le mieux. Elle aime Pier et le couple file un bonheur presque parfait. Tout irait pour le mieux si elle ne souffrait de crises de panique. Son conjoint et sa famille peinent à comprendre ce qu’il se passe, ses collègues réagissent mal et les parents souhaitent carrément la faire virer. Thérapie ou médicaments viendront-ils à bout de son trouble? À moins que la réponse ne se trouve ailleurs.
Brian Freschi signe un récit en trois temps. D’abord, la protagoniste évolue principalement à l’école, où elle fait face à une réprobation quasi générale. En fait, il n’y a que les gamins qui ne critiquent pas sa faiblesse. Ces derniers adorent ses contes, véritables métaphores de ses affrontements contre ses monstres et ses démons. Par ailleurs, les chapitres sont entrecoupés d’une rencontre avec un psychologue. Ces segments présentent un propos clinique éclairant les causes, les tenants et les aboutissants du mal. Au final, le scénariste livre, sans réelle subtilité, un plaidoyer pour la reconnaissance de la différence. Pour s’assurer d’être entendu, il décrit des épisodes brutaux, assez peu crédibles tellement les gens se révèlent ignobles.
Le projet permet à Ilaria Urbinati d’afficher toute l’étendue de son talent. Dans un premier temps avec des illustrations colorées où la maîtresse rayonne, en classe, à cheval sur son vélo ou au lit avec son fiancé. Le trait se montre alors léger et fluide, jusqu’à ce que survienne la crise. C’est toutefois dans les scènes où India affronte les créatures imaginaires que l’artiste se laisse vraiment aller en adoptant un style radicalement différent. Son travail, à l’encre et au lavis, se dépouille et embrasse une tonalité dramatique qui se révèle particulièrement intéressante.
Le thème de La mer verticale est l’acceptation de soi, de l’autre et de la maladie. Un tel objet pourrait facilement sombrer dans le pathos, mais les auteurs évitent cet écueil, tout comme ils s’abstiennent de dépeindre une héroïne pure et sans reproches. Ce parti-pris pour la nuance fait toute la différence.
Une arrivée convaincante pour deux nouveaux venus dans l’univers du neuvième art.