Résumé: Casanova. Sa vie ne fut pas seulement une succession de conquêtes féminines (il en dénombre 142). Tour à tour diplomate, aventurier, courtisan, espion, escroc, violoniste et premier grand libertin, il écrit ses mémoires à la fin de sa vie. Dans cette adaptation d'envergure des Mémoires de Casanova, Stefano Mazzotti dévoile les secrets érotiques et philosophiques d'un Don Juan aux multiples facettes.
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n 1789, au château de Dux en Bohème, Giacomo Girolamo Casanova trompe le temps en rédigeant ses mémoires. Jusqu’en juin 1798, il écrira dix volumes de ce qui deviendra Histoire de ma vie, une oeuvre dont la Bibliothèque nationale de France a acquis la version originale en 2010.
Que dire de celui que l’inconscient collectif a élevé au rang d’idéal masculin et que les historiens, plus pragmatiques, considèrent comme un témoin privilégié de son époque ? Rien qui n’ait été à maintes reprises relaté, repris, interprété et déformé… Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder ce que le 9e Art a déjà produit sur le sujet.
Même si les éditions Delcourt souhaitent développer leur collection Erotix, il n’était guère envisageable d’adapter les trois mille sept cents feuillets de l’hagiographie manuscrite du contemporain du divin marquis, d’où le parti pris de ne retenir que certains épisodes - judicieusement choisis - de son existence. Dès lors, et même si la fidélité historique semble être respectée, il est difficile de parler de scénario pour cette succession de tableaux qui retracent les premiers émois du jeune abbé, car en 1744, Casanova a dix-neuf et porte la soutane ! Autres époques, autres mœurs…
Bien que l'album ne soit pas à mettre entre de jeunes mains, le dessin de Stefano Mazzotti sait rester dans le registre d’un érotisme de bon aloi qui n’affolera que quelques oies blanches à peine sorties du couvent, ce qui, en ce XXIe siècle, demeure chose fort rare. Si le trait, très réaliste, ne laisse rien ignorer de l’intimité d’adolescentes plus prisonnières de leurs sens que de leur vertu, il n’en reste pas moins empreint d’un statisme académique qui nuit à la spontanéité du récit et à la sensualité des transports amoureux. Passé ce détail, l’ouvrage s’apprécie facilement.
Privilégiant les jeux de jambes des alcôves aux ronds de jambes des officines diplomatiques, ce premier volet des Mémoires de Casanova s’avère bien décevant, une fois les pâmoisons de la chair éteintes.