L
e point de départ du dyptique Melissa est l'illustration parfaite d'un quiproquo aux conséquences désastreuses. Manon meurt de manière accidentelle dans sa salle de bain. Pour l'inspecteur Faustocopi, la jeune femme a été tuée selon le mode opératoire d'une tueuse en série, incarcérée au moment des faits, Melissa. Il lui semble alors évident que le meurtre est l'oeuvre d'un de ses disciples. Pour s'en convaincre, il permet son évasion afin qu'elle puisse les rejoindre. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il vient de mettre le doigt dans un engrenage infernal qui le plongera dans une folie incurable...
Une fois la lecture des deux tomes achevées, on reste sans voix, presque estomaqué devant un récit, ou plutôt un délire psychédélique, devenu incompréhensible au fil des pages. On a beau essayer de raccrocher les wagons à chaque nouvelle planche, rien n'y fait, l'auteur nous sème définitivement en cours de route. Sans compter que les personnages froids et particulièrement antipathiques n'arrangent rien à la situation. En bref, on ne comprend rien, ou alors vraiment pas grand chose, à ce second tome, et ce ne sont pas les multiples allusions (hommages ?) à Alice aux Pays des Merveilles qui changent la donne, bien au contraire !
Les diverses ambiances instaurées par le style d'Alexis Laumaillé sont sans doute ce que l'on retiendra de la série. Bien sûr le trait manque de précision, les planches sont loin d'être avenantes et l'ensemble repoussera sûrement quelques amateurs de beaux dessins, il n'en reste pas moins qu'il ne laisse pas indifférent. De fait, le lecteur se retrouve à maintes reprises déstabilisé par le graphisme (et l'histoire dans une moindre mesure) et la folie ambiante se manifeste fort bien au travers de formes alambiquées et de couleurs vives particulièrement déconcertantes.
Melissa ne laissera dont pas un souvenir impérissable dans les mémoires, loin de là. La collection Insomnie a décidément bien du mal à trouver des séries qui donnent le frisson sans tomber dans une surenchère inutile.