Résumé: « Pour fréquenter une fille comme toi, il faut prendre ses rêves pour des réalités. » Québec, 1991. La Saint-Valentin approche et Philippe est le seul à ne pas avoir de petite amie. Il se décide alors à envoyer une carte à une fille qui lui plaît, mais celui-ci arrivera à... la mauvaise fille. Québec, 1931. La grand-mère de Philippe était une femme émancipée pour son époque, un peu trop au goût de son entourage. Parce quelle ne voulait pas se marier, elle était considérée comme une... mauvaise fille. Avec ces deux mauvaises filles, ce sont deux récits autobiographiques qui simbriquent, le premier introduisant le second qui nous fait découvrir un Québec du temps de la grande dépression, des bootleggers, des speakeasies et des messes en latin.
L
es temps changent, la société évolue, mais les sentiments, l'amour en particulier, restent éternels. En 1991, alors que la Saint-Valentin approche et que tous ses amis sont en couple, Philippe tente le tout pour le tout afin de séduire une de ses camarades d'étude. Soixante ans auparavant, sa grand-mère se débattait également, non pas pour se marier, mais pour pouvoir vivre de manière indépendante.
Alors que son aïeule avait une réputation de mauvaise fille car trop émancipée, Philippe Girard (Rewind, La visite des morts) s'est trompé de demoiselle en envoyant sa carte de Saint-Valentin. La similitude n'est que lexicale, mais permet au scénariste de proposer deux portraits contrastés du Québec d'hier et d'aujourd'hui. D'un côté la vie classique d'un étudiant un peu poissard et particulièrement maladroit comme il en existe beaucoup et, de l'autre, la grosse misère des années trente et les codes sociaux stricts d'une population soumise et manipulée par les politiciens et l'Église. La première partie, racontée mécaniquement, n'est guère passionnante. Par contre, la deuxième, narrant les démêlés de Margaux avec sa famille et ses prétendants, avec la vieille ville de Québec comme toile de fond, s'avère nettement plus intéressante. Ce récit décrivant une époque sombre est évidemment à mettre en parallèle avec l'histoire de Roland dans Paul à Québec.
La construction curieuse et un peu malheureuse – les deux anecdotes se suivent sans jamais se compléter – fait que cet opus manque cruellement de cohésion. De plus, comme Margaux se révèle être nettement plus accrocheuse que Philippe, le lecteur n'entre vraiment dans l'album qu'à la soixante-septième page. Cette situation est quelque peu regrettable car, du point de vue technique, l'auteur rend une copie très agréable à lire.
Sans démériter sur le fond, La mauvaise fille manque un peu de tenue. À réserver aux curieux de l'histoire de la Belle Province.
Les avis
Erik67
Le 02/09/2021 à 16:08:34
Une connaissance ayant longtemps vécu au Québec m'a raconté que les femmes se comportaient comme les hommes dans la relation de couple. J'avoue avoir été étonné par cette affirmation. Oui, ce sont elles qui dominent: une véritable société matriarcale !
A lire cette bd, je trouve que les hommes ne savent pas draguer et se comportent minablement pour avouer leur flamme. J'arrive dorénavant grâce à cette bd à saisir le sens de ce qu'il me disait. Depuis et pour la petite histoire, cette connaissance est devenu un véritable coach en amour via internet un peu comme le film avec Will Smith: Hitch, expert en séduction. J'ai franchement pitié pour le protagoniste principal Philippe qui reste célibataire à 30 ans.
Pour en revenir à la bd, cela se passe à deux époques différentes: en 1991 puis en 1931 avec un bond dans le passé. Il y a bien entendu un petit lien entre ces deux récits. Il est dommage que sur la couverture, la femme ait un nez de cochon ce qui ne traduit pas du tout cette œuvre ayant évité justement le côté animalier. Il manque beaucoup de charme et de grâce et surtout de cohésion. Mais bon, c'est rude.
Bon à savoir pour les français: la mauvaise fille désigne également l'alcool de contrebande dans la langue de la Belle Province.