Résumé: Mauvais monstre mais bon compagnon ?Dans un monde où tout individu obtient, au moment de sa puberté, un petit monstre qui l'accompagnera toute sa vie, Éloïse, comme tous les ados de son âge, attend l'éclosion de l'oeuf qui donnera naissance au sien. Surtout depuis que Célie, la coqueluche de la classe, vient d'obtenir Pandou, évidemment le monstre le plus mignon de tout le collège. Problème : Éloïse va, elle, finalement se retrouver affublée d'un « mauvais monstre » pas mignon du tout, que l'on associe généralement aux personnalités maléfiques et que l'on prétend doté de dangereux pouvoirs paranormaux... Hors de question de donner un nom à cet horrible « Machin », et encore moins de le montrer aux autres ! Déjà en marge du collège, comment Éloïse va-t-elle gérer cette fâcheuse situation ? Pourra-t-elle cacher son secret longtemps ? Et surtout, usera-t-elle des pouvoirs de son mauvais monstre pour de bonnes raisons ?À la fois comédie teenage et récit initiatique du quotidien, Mauvais Monstre trouve le ton juste pour raconter la réalité des ados d'aujourd'hui. Par le fantastique de ces monstres qui peuvent rappeler les daemons de À la Croisée des mondes, cette série offre un prisme léger pour questionner notre rapport à l'image, au regard des autres, à la notion de beauté et de réputation, qui sont des considérations désormais centrales chez les jeunes.
É
loïse n'en peut plus. Entre sa mère qui ne lui laisse pas un instant tranquille et le collège où tous sont en pâmoison devant Célie la peste de la classe et son monstre si « meugnon »... Heureusement qu'elle a Victor. Même s'il est un peu collant voire amoureux, il est ce qui ressemble le plus à un ami. Ensemble, ils tentent tant bien que mal de se faire une place dans leur bahut et de survivre aux grands qui les rackettent. Enfin, tout ça sera bientôt derrière eux, Éloïse ne va pas tarder à avoir son avatar et avec lui tout va changer, c'est sûr !
Repéré lors du concours des jeunes talents du festival d'Angoulême en 2019, Enzo Berkati a notamment collaboré au Journal de Spirou. Aujourd'hui, il publie sa première bande dessinée aux éditions Glénat. Avec son Mauvais monstre, le jeune auteur s'intéresse à la si douce période de l'adolescence : la rébellion face aux parents, le regard des autres, l'importance d'appartenir (ou non) à un groupe, l'effet de meute, l'entrée dans l'âge adulte etc. Sacré programme ! Pour dépeindre ce quotidien peu rassurant, il prend pour cadre un monde merveilleux où son héroïne, une jeune collégienne en marge de ses camarades, attend impatiemment que son monstre éclose. Pas franchement sympathique, Éloïse n'en est pas moins attachante. Cible privilégiée des railleries d'une partie de sa classe, elle traverse les heures de cours en espérant éviter les moqueries et les prises de tête.
C'est l'arrivée du compagnon tant attendu qui fait basculer la vie de la jeune fille dans une aventure folle où quiproquos, vengeance et complications vont s'enchaîner à un rythme soutenu, accrochant le lectorat jusqu'à la dernière scène. S'appuyant sur un trait rond atypique, à mi-chemin entre les cartoons Souvenirs de Gravity Falls ou Bienvenue chez les Loud et les BD franco-belges comme Les Nombrils, l'artiste puise dans sa vie pour brosser le portait des collégiens comme de ses décors. La colorisation flashy de Lisa Guisquier comme le travail sur le design des créatures apportent une identité forte au récit. Enfin, la mise en scène fluide, les dialogues incisifs et un sens de l'humour bien présent rendent la lecture très agréable
Très bonne surprise de ce début d'année 2023, Mauvais monstre marque l'entrée dans le neuvième Art d'un jeune auteur prometteur. Un album réussi qui appellerait bien une nouvelle aventure tant Éloïse, Machin, Célie et les autres forment un terreau intéressant à développer. Affaire à suivre...