Résumé: En Andalousie, de nos jours.
Il se nomme Manuel, sa famille est originaire d’Andalousie, mais il a vécu en France jusqu'à ce qu'il décide de revenir s'y installer. Il a un ami gitan qui se nomme Benito, un chanteur hors norme. Manuel et Bénito sont inséparables. Car, ce qui lie avant tous les deux jeunes hommes, c’est l’amour du flamenco, le vrai, le pur, pas le flamenco rock comme peuvent le jouer certains frimeurs méprisables (mais qui, à contrario, gagnent très bien leur vie). Ces « mauvais garçons » vivent au jour le jour d’expédients. Seul leur amour des femmes leur fait tourner la tête.
A
près Rebétiko et Carlos Gardel, les éditions Futuropolis entrent une nouvelle fois dans la danse. A travers le parcours de deux artistes et amis, Manuel et Benito, le duo Dabitch/Flao livre un diptyque très musical, dont le thème principal est le flamenco. De ses origines, attribuées à un quartier de Séville, jusqu’à ses valeurs, profondément ancrées dans l’imagerie populaire, cet art, présenté comme un véritable choix de vie, libère et emprisonne tour à tour ceux qui ont osé succomber à ses charmes.
Manuel est danseur, Andalou exilé en France, puis revenu sur ses terres natales pour assouvir sa passion. Benito est un gitan, fier et arrogant. Leur existence est vouée à la danse et au chant, jusque dans des joutes verbales interminables, où les mots résonnent comme autant de complaintes. Pauvreté, détresse sociale, amours purs et éternels imprègnent les paroles de longues mélopées. Leurs âmes déjà vendues au flamenco, ce sont leurs cœurs qui continuent de battre pour une autre cause. Mais pour combien de temps ? Katia rêve de découvrir d’autres horizons alors que Manuel a tout sacrifié pour revenir. Quant à Benito, il préfère chasser Rosita pour aller trouver celle qui le fera chavirer.
La tâche était rude pour les deux auteurs de mettre en images un concept, plus qu’une histoire, des traditions, plus que des faits. Quelques scènes parviennent à rehausser un ensemble plutôt fade mais c’est surtout par le dessin que les deux albums valent le coup d’œil. Benjamin Flao s’est véritablement approprié le scénario de Christophe Dabitch mais aussi le flamenco lui-même. Les corps des danseuses se meuvent dans un mélange de grâce et de colère, la bichromie dans les tons sépia ainsi que les visages parfois grossièrement hachurés, renforçant une impression de perpétuelle souffrance. Il en aurait fallu cependant encore un peu plus pour dynamiser un récit qui risque malheureusement de ne passionner que les aficionados.