Résumé: Un dernier album en feu d'artifice pour le marshal Bass. L'heure de régler les comptes avec le colonel Helena, son plus fidèle ennemi, sans oublier de solder toutes ses amitiés... et un complexe héritage amoureux et familial. Darko Macan et Igor Kordey terminent en beauté leur western tarantinesque inspiré d'un personnage historique du Far West.
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i]Marshal Bass :
Apparu le 7 juin 2017 – parti le 7 mai 2025
Bass Reeves naquit en Arkansas ou au Texas, probablement en juillet 1838, personne ne sait plus vraiment. Né esclave, il aurait pu le rester s’il ne s’était pas opposé - en pleine guerre de Sécession - à son maître de l’époque et, ce faisant, n'avait été obligé de se réfugier en terres indiennes. En janvier 1863, il devint un homme "libre" et en 1875, le juge Isaac Charles Parker fit du fermier qu’il était devenu un Deputy Marshall ; il fallait oser ! Cette étoile fut sa voie, et peut-être aussi sa croix, car durant de nombreuses années, non exemptes de quelques tâches, il sut cependant demeurer exemplaire.
Curieux en ce jour d’évoquer un autre pour parler de toi, comme quoi fiction et réalité peuvent inopinément s’imbriquer !
Aujourd’hui, Reeves, ou plutôt devrais-je dire River, que dire de toi à l’heure de nous quitter ? Doit-on prendre pour argent comptant les propos de Darko Macan qui, depuis une petite décennie, nous livre des pans entiers de ta vie ? Du moins celle à laquelle il nous est donné de croire, car avant Black and white, tu n’étais pour nous tous qu’un illustre inconnu... Mais au-delà du phénomène de mode qu’est redevenu le western, c’est à l’unicité de ton histoire, comme à la manière dure, âpre et sans fioritures dont elle nous fut contée, que tu dois ton succès. Toutefois, à y regarder de plus près, souvent, la seule chose qui te différenciait de ceux que tu poursuivais était l’étoile que tu portais et une aversion instinctive pour l’injustice ! Tu as croisé pas mal de monde et souvent tu leur as fait mordre la poussière, parfois… tu les as sauvés. River, fatigué de rendre la justice, tu soldes tes derniers comptes ; toi et ta famille pouvez désormais retourner à cette terre sur laquelle tu as sué sang et eau. Alors oui, tu es loin d’être parfait, mais malgré toi, tu as véhiculé une certaine idée de l’intégrité qui, finalement, nous apparaît plus conforme à ce que nous supposions indiciblement. Les marshals ne sont pas toujours beaux, propres et blancs ; ils peuvent être aussi teigneux, noirs et empester l’alcool car depuis Giraud, ils cultivent leurs doutes comme leur ambiguïté. River, River Bass, nous garderons de toi l’image que nous en laisse Igor Kordey, qui, aujourd’hui, sait mieux que quiconque dessiner un Ouest impitoyable pour les faibles et plein d'avenir pour les forts. C’en est donc terminé de ces planches superbes, de ces grands espaces qui engloutissaient les imprudents comme les impudents, de ces traques sans fin à l’issue toujours incertaine pour ne pas dire fatale et de ces soirées passées dans des salons sordides et enfumés où la lie de l’Ouest exprimait toute son humanité. Désormais c'est à ton Crépuscule de nous rappeler ceux rencontrés et de mettre un point final à ta légende.
Certes, River, tu n’es pas mort, mais tu pars ! C’est un moindre mal, car - à l'évidence - il aurait été dommage que tu fasses le duel de trop !
Les avis
Yovo
Le 28/09/2025 à 12:50:41
Clap de fin pour Marshal Bass… Mais quelle série ! Avec ce dernier tome, les auteurs Darko Macan et Igor Kordey signent une œuvre puissante, originale et plus complexe qu’il n’y parait.
Les tomes se seront enchainés à un rythme soutenu, avec des hauts et des bas mais sans jamais se ressembler.
Très cohérent, l’univers est sombre, avec des unités de temps et de lieu resserrées. Et une implacable constante : le danger, quelle que soit sa forme, vient toujours de ses semblables. Les scenarios questionnent ainsi l’idée de Bien et de Mal sous tous leurs aspects, avec intelligence et nuances.
River Bass, qui aura subi les coups, les embûches et les trahisons en faisant preuve d’une endurance hors normes, restera dans les annales comme un homme brisé, condamné à n’être nulle part à sa place. Taiseux, stoïque, désenchanté, parfois héroïque, parfois lâche mais toujours imprévisible, il incarne à lui seul l’adversité d’une époque où la survie ne tient qu’au hasard ou à un coup de pouce du destin.
L’identité visuelle, très marquante, aura également imposé « Marshal Bass » comme une série de premier plan. J’ai eu moi-même beaucoup de mal au début à accepter ce trait épais et ce dessin lourd et chargé. Mais j’ai appris à l’apprécier au fil des albums jusqu’à le trouver exceptionnel sur certaines planches. Associé à des couleurs saturées, contrastées, souvent exagérées, il donne incontestablement un caractère affirmé à la série toute entière et contribue à la rendre si atypique.
Enfin, il est de plus en plus rare de voir une série qui marche se terminer ainsi, sans céder à l’appel d’une dilution sans fin, artificielle et mercantile. Combien aurait mieux fait d’avoir le même engagement, le même respect des lecteurs ? C’est un exemple à suivre.
Il est des crépuscules plus flamboyants que d’autres… Farewell, Marshal, et chapeau bas !
kingtoof
Le 21/08/2025 à 08:29:15
Voila c'est fini...
Toutes les meilleures choses ont une fin comme le dit l'adage.
Ce n'est pas le meilleur album de la série, mais je lui mets tout de même 4 étoiles car les aventures du Marshal Bass resteront pour moi une formidable épopée bédéistique.
kergan666
Le 25/05/2025 à 23:05:08
cet album est à mon sens le moins bon de la série car trop fouillis
j'ai eu du mal à m'y retrouver dans les dates et il faut rester concentré
mais il est vrai que la fin d'une série est souvent casse gueule
les dessins portent toujours la patte très reconnaissable de I Kordey
malgré tout c'est une bonne BD
thorntrop
Le 14/05/2025 à 14:13:24
Cette conclusion me laisse avec un sentiment mitigé: J'ai beaucoup aimé cette saga western très singulière, avec des dessins et des colorations originales et de qualité. L'histoire est sombre à souhait, avec parfois un humour très grinçant... mais dans cet univers, les salauds sont légion.... à tel point que la surenchère n'est jamais loin dans le glauque et le cynique. La conclusion dans ce 12ème tome m'apparaît un peu décousue et finalement sans véritable histoire, à part celle d'un duel. Sans doute faudra-t-il relire la saga entièrement pour savourer ce dernier opus.