A
près un début de carrière passablement prolifique avec plusieurs perles pleines de promesses (Le chant des pavots, Bretagne, Comme une rivière, Le chemin de fièvre), Pierre Wazem avait quelque peu lâché ses crayons, tout en continuant à écrire des scénarios pour d'autres (Koma, Monroe, La fin du monde). Paralysé par des problèmes personnels et de nombreux doutes sur sa capacité de création, il n'a publié aucune BD en solo depuis près de dix ans. Dans Mars aller retour, il revient sur ces années difficiles.
Mars aller retour se lit comme une chronique autobiographique classique. Wazem va mal, il est incapable de créer, il boit comme un trou, court la gueuse à tout va, néglige sa famille et est complètement fauché. La missive lui signifiant son expulsion imminente le met au pied du mur. Il doit écrire un album pour toucher une avance qui lui permettra de garder la tête hors de l'eau. Le récit, oscillant entre rêverie introspective, retour en arrière, science-fiction et auto-critique en règle, peine pour conserver une grande cohésion sur la longueur. Certaines scènes, comme, par exemple, son « installation » sur Mars ou les échanges avec ses filles, qui rappellent, toute proportion gardée, le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry, sont brillantes et légères, malgré la noirceur du propos. Par contre, d'autres passages restent des plus convenus. Ainsi la très traditionnelle et déjà vue rencontre avec lui-même enfant ou l'interminable diatribe au balcon avec le monde de la BD plombent passablement la narration. Heureusement, la qualité de l'écriture – une constante chez le scénariste – est au rendez-vous ; la lecture reste des plus prenantes.
Graphiquement, l'auteur n'a rien perdu du talent qu'il avait montré dans ses opus précédents. À mi-chemin entre Blutch et Larcenet, son trait est néanmoins des plus posés. La mise en page ne se limite heureusement pas qu'à des échanges entre les personnages. En effet, le dessinateur a particulièrement pris soin de varier la construction de ses planches et a soigné ses décors. Même sur la Planète Rouge, les anecdotes sont pleines de vie et les arrière-plans regorgent de détails ! Les couleurs, très travaillées, à laquelle viennent s'ajouter de nombreuses incrustations de photos astronomiques, donnent aux pages une ambiance toute particulière. Cette atmosphère, sombre mais poétique, colle parfaitement avec le ton du récit.
Malgré quelques longueurs, Mars aller retour est des plus intéressants. Il ne reste plus qu'à espérer que cet album servira de déclic à Pierre Wazem et qu'il ne faudra pas attendre des lustres avant de pouvoir lire d'autres œuvres signées de sa main.
Les avis
Erik67
Le 21/11/2020 à 15:27:45
Ce n’est pas la première fois que je vois un auteur se mettre en scène dans une bd avec une part oscillant entre l’autobiographie et l’aventure psychologique d’un accomplissement de soi. A force, je dois bien reconnaître que c’est plutôt soulant. Cela commence toujours par un portrait pas toujours glorifiant d’un sombre abruti en panne d’inspiration. C’est vrai que j’ai détesté au plus haut point ce personnage qui n’hésiterait pas à commettre des incartades au risque de sacrifier sa famille. Je ne juge point mais c’est à l’opposé de mes valeurs. C’est difficile par la suite d’adhérer à une autre logique. Pour autant, c’est un exercice que j’ai réussi à maîtriser en étant neutre. Après tout, chacun sa vie et ses expériences.
Le voyage de cet aller-retour entre la terre et mars sera fort original si on fait abstraction du petit prince de Saint-Exupéry. C’est surtout l’esprit qui voyagera. C’est une rêverie introspective un peu poétique mais surtout psychologique comme la rencontre avec soi-même en étant enfant. Le but est le retour de la créativité. L’auteur nous livre avec sincérité et sans complaisance. On réussira à surmonter les angoisses existentielles d’une crise de la quarantaine. Pour le reste, c’est joliment dessiné avec un effort particulier pour l’arrière-plan ainsi que pour les couleurs. Prêt pour un voyage mélancolique ?
kasP
Le 24/11/2012 à 14:09:34
Je n'aime pas les bd qui parlent des auteurs de bd qui sont en mal d'idées. En général ça donne une bd en mal d'idées. Et c'est encore le cas ici. Je me suis ennuyer à lire la médiocrité de ce personnage. J'espère juste pour l'auteur que ce n'était pas auto biographique.
Heureusement le dessin relève un peu la note, sinon c'était 1.