M
onty Wheeler, Canadien, souffre d'un sérieux manque d'assurance dans ses relations avec autrui. Célibataire à 38 ans, il se rend à l'évidence et prend le parti de choisir une épouse par correspondance : Kyung Seo, Coréenne.
Ainsi, l'un et l'autre trouvent en ce mariage le moyen d'échapper à une situation qui ne leur convenait pas. Mais pour combien de temps ?
Mark Kalesniko met en scène des personnages ambigus désirant plus que tout trouver leur place dans une société qui les a toujours rejetés. Ils tentent ainsi de se créer une nouvelle personnalité, un statut social des plus conventionnels. Mais tout ceci s'avère complètement superficiel et un à un, les masques tombent, les personnages se dévoilent, rattrapés par leur vraie nature : la descente aux enfers débute. Un roman graphique dense et dramatique qui sait créer le malaise et toucher le lecteur au plus profond de lui car en fin de compte, qui n'a jamais tenté de masquer sa personnalité pour mieux paraître ? Un malaise entretenu aussi par le fait qu'il est dur, voire impossible, de s'attacher à l'un des personnages. Le lecteur est toujours tenté de prendre parti mais la désillusion est à chaque fois au rendez-vous lorsqu'apparaissent finalement des natures tout autant désespérées que désespérantes.
Pour illustrer la froideur du propos, un dessin froid qui ne laisse passer aucune émotion si ce n'est la tristesse. L'auteur ne cherche pas à ce que le lecteur s'extasie mais plutôt à entretenir son désarroi...
Nominé pour le prix du meilleur album à Angoulême, Mariée par correspondance traite avec dureté de la nature humaine. A ne pas mettre entre toutes les mains.
Les avis
Erik67
Le 05/09/2020 à 22:31:37
Le problème est celui de ces losers et geeks mâles qui n’arrivent pas à trouver une compagne dans leur pays de façon naturelle car le charme n’opère pas et qui se rabattent sur des femmes étrangères fuyant la misère et l’oppression. Ce n’est pas toujours ce même schéma mais c’est malheureusement souvent le cas. Et évidemment, cela ne peut pas marcher sur le long terme.
Pour autant, ce genre de concept revient à la mode comme l’émission de télévision Mariés d’un premier regard où des candidats se rencontrent pour la première fois le jour de leur mariage. On sait malheureusement qu’après coup, le taux de divorce avoisine les 100% malgré des taux de compatibilité certifiés par des experts.
On lit cette expérience étrange avec le sentiment que tout cela va mal se terminer. J’ai bien aimé le trait du graphisme qui ne laissera pas indifférent. Il y a également du rythme, ce qui fait qu’on ne s’ennuiera pas avec ce couple atypique. C’est plutôt bien construit dans l’ensemble. Cela sera très psychologiquement intense.
On pourra toujours se rabattre sur la série You même si là aussi, la fin est tout aussi déconcertante.
cedd79
Le 21/11/2013 à 16:04:51
En voilà un album sympa à lire ! Ce n'est pas une révolution, mais l'histoire est bien mené, les personnages convaincants, les graphismes qui collent parfaitement. Je ne vais donc pas m'attarder pour refaire une analyser que d'autres ont déjà bien fait. A lire donc ! (même si j'ai trouvé la fin un poil alambiquée).
zaaor
Le 10/02/2007 à 17:36:42
Quand deux individus qui ne se connaissent pas décident d'unir leur vie, on peut s'attendre à tout.
Monthy est ce genre de plouc molasson qui n'a jamais grandi. Kyung, on ne sait rien d'elle, sauf qu'elle a traversé l'océan pour se prendre un mari qui est con comme un balai. Il en fait pitié le pauvre. Mais elle aussi, elle fait pitié. Sont-ils si différents que ça finalement?
Une oeuvre bien ficelée, d'où on sort un peu échevelé. Bravo!
okilebo
Le 12/04/2005 à 18:55:39
Avec la publication de ce genre d'album, on sent que Paquet a une réelle volonté de vouloir se démarquer de la production habituelle. Après avoir lu cette bd, je peux en conclure que l'éditeur suisse a vraiment fait le bon choix .
"Mariée par Correspondance" est une vraie réussite graphique et scénaristique. L'auteur, Mark Kalesniko, nous offre une histoire de toute beauté où on est touché par un scénario qui est développé sans fioriture mais non dénué de poésie. Kyung, une jeune coréenne, est venue au Canada pour se marier avec un illustre inconnu, Monthy.
A travers cette union, la jeune fille va découvrir la vie à l'occidentale. Ce couple aux relations houleuses est avant tout le centre d'intérêt du récit, et on suit leur parcours à travers leurs joies et surtout leurs disputes. Pas évident d'aimer quelqu'un que l'on connaît à peine. De plus, un manque d'affinité flagrant ne fera qu'accentuer l'ennui de leurs relations. Pourtant, nous, en tant que lecteur, on ne peut s'empêcher de les aimer, car leurs personnalités sont très attachantes. Monthy, un grand garçon timide qui refuse de vieillir et elle, qui est belle comme le jour et avide de connaissances et de découvertes. Pourtant, envers et contre tout, on se rend vite compte que nos deux héros ne font qu'un, et plus on avance dans l'histoire, plus ce sentiment se confirme. Les personnages secondaires dont certains sont assez proches de la caricature, sont également très convaincants. J'ai beaucoup aimé la manière subtile avec laquelle l'auteur nous décrit l'amitié entre Kyung et Eve. Cette dernière aura d'ailleurs un rôle important dans l'évolution de l'histoire.
Niveau dessin, le graphisme de Kalesniko est très convaincant. Je ne suis pas un connaisseur, mais je pense que l'auteur travaille à la plume et à l'encre.
Grâce à cela, les contrastes entre le noir et le blanc sont très beaux. Les traits des personnages sont très expressifs. J'ai adoré par exemple l'évolution du visage de Kyung quand Eve lui annonce qu'elle se marie (page 222 --> 225). Développé en trois étapes, on commence par l'étonnement, puis le désarroi, en terminant par la colère. Cette scène en question est remarquable. De plus, elle reflète très bien le potentiel graphique du dessinateur.
Grâce à ce one-shot, j'ai découvert un nouveau talent. J'en suis ravi.
Cet album est vraiment indispensable.
A lire sans hésitation !!!