Résumé: La Bête est là. Après tous ces siècles, toutes ces prophéties, la Bête est venue, et Marie...
Marie est loin, abandonnée de tous, elle a perdu son courage, sa hargne, sa foi. Mais elle n’est pas seule à sentir la présence de la créature. Car ils doivent être quatre pour abattre la Bête...
Les quatre descendants de la lignée de l’hybride, Marie et ses trois frères et soeurs, ceux qu’elle a cherché si longtemps. La haine, les rivalités, leurs choix les ont séparés. Arriveront-ils, ensemble, à plonger l’épée dans le coeur de l’Ennemie ?
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illiam a éliminé l’hybride dans la crypte de l’abbaye. Toutefois, si son geste irréfléchi a contrecarré le plan des créatures qui veulent détruire la Terre pour sauver la bête vivant dans le cosmos, il permet finalement à cette dernière de venir combattre elle-même pour sa survie. Doutant de plus en plus d’elle et de ses actes, Marie doit se ressaisir pour affronter cette terrible menace. Elle trouvera des alliés inattendus pour l’accompagner car, dans cette lutte ancestrale, elle n’est que le symbole, le bras armé de forces qui la dépassent.
Voici le cinquième et dernier tome d’une série qui, sous ses abords classiques, aura su maintenir l’intérêt jusqu’au bout grâce à une construction titillant habilement la curiosité et des héros que l’on a envie de suivre. Dans cette uchronie médiévale originale – un copier/coller de notre planète où l’histoire suit un cours différent –, le fantastique a toujours été présent. Les débuts de réponses proposés à la fin de l’album précédent en accentuaient l’importance.
Le dénouement accroît encore la portée du surnaturel. Attention, il n’est pas question de gros deus ex machina facilitant la résolution des problèmes. Le(s) scénariste(s) – Ange étant la contraction d’Anne et Gérard – fonde(nt) leur intrigue sur une des plus vieilles croyances des hommes : le culte de la déesse-mère/terre. Le lecteur retrouvera des notions chères aux druides des peuples celtes (la vierge sur le point d’enfanter, les courants telluriques et les points de rencontre avec l’énergie du ciel) ou se souviendra de la divinité grecque Gaïa, capable d’engendrer la beauté – le monde et l’humanité – comme la laideur – les cyclopes, les titans et les hécatonchires (qui ont cent bras et cinquante têtes). La narration s’effectue sur un rythme alerte et le caractère des protagonistes – en particulier Marie et William – continue d’être approfondi.
Jusqu’au terme, la qualité du graphisme de Thierry Démarez ne se sera jamais démentie. Soutenu par la colorisation très juste et attrayante de Nicolas Bastide, le dessinateur propose des planches où la fluidité des scènes d’action rivalise avec l’expressivité des personnages. Le dynamisme et le charme de l’ensemble sont pour beaucoup dans l’attraction exercée par cette saga.
Une grande aventure qui, globalement, aura été maîtrisée de bout en bout.