Info édition : Noté "PREMIÈRE ÉDITION" + "cahier de brouillon" de 12 pages en fin d'album
Résumé: Avant, on n'avait pas peur des forêts sombres et des vieilles croyances, des cris de bêtes qui déchirent la nuit et des ombres incertaines qui rôdaient dans les champs. On se moquait bien des trolls cachés sous les ponts, des déesses vengeresses, des géants de nuages ou des diables des crevasses... Alors on brûlait les arbres millénaires pour se chauffer au printemps et on empoisonnait la terre pour la forcer à vomir ses fruits. Et puis un jour, la Brume a tout emporté. Oh, pas la petite brumouille du matin ou la semi-brume des lendemains de pluie, non ! La brouillasse, la vraie. La purée de boue, la bouillie de charbon, noire et épaisse comme de l'encre en suspension.
Un conte écologique moderne, drôle et sombre à la fois, empreint de métaphores servant de belles réflexions et jouant, non sans humour, avec les stéréotypes du monde foisonnant de la sorcellerie.
T
empérance a bien grandi depuis cette sombre nuit dans la forêt qui l'a vue être sauvée par Grisette. Le bébé d'alors est désormais une belle jeune fille, au caractère bien trempé. Navigant entre la vieille sorcière qui cultive ses drôles de courges et ses tantes d'adoption, toutes plus particulières l'une que l'autre. D'ailleurs, Tempérance attend impatiemment d'être officiellement intégrée à leur clan, les brouches. Elle espère ainsi avoir enfin l'autorisation d'apprendre à utiliser la magie et les aider à lutter contre la brume qui les entoure et dont tout le monde se méfie.
Stéphane Fert aime les contes et les héroïnes fortes. Après Morgane (avec Simon Kansara chez Delcourt en 2016) puis Peaux de mille bêtes (2019, Dargaud) et Blanc Autour (scénario de Wilfrid Lupano, 2020 chez Dargaud), l'auteur s'essaie cette fois au format "série". Dans son style si particulier, identifiable dès la couverture, l'auteur pose rapidement le contexte de son histoire. Grâce à la copieuse pagination, il peut à la fois présenter ses personnages, planter le décor et construire les bases d'une intrigue au déroulé certes classique mais qui s'avère prenante.
Jouant des silences, l'auteur profite de ces séquences pour installer une ambiance mystérieuse et inquiétante. Plus que de simples présentations, ce premier volume conjugue présent et quelques scènes du passé de certaines protagonistes pour éclairer leurs choix et poser les bases de plusieurs enjeux : d'où vient cette brume ? Comment la combattre ? Qu'est devenu le monde des Omnis ? Etc. Si les questions paraissent nombreuses, la narration, grâce à une mise en scène étudiée, est toujours fluide et la lecture immersive. Ainsi, à l'issue des cent trente-six planches, aucun sentiment de frustration, même s'il est clair que l'histoire recèle encore bien des surprises et rebondissements.
Envoûtant, fluide et superbe graphiquement Le Souffle des choses ouvre parfaitement La Marche Brume. Rendez-vous est donc pris pour la suite de cette série fantasy au départ prometteur.
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Les avis
Erik67
Le 02/03/2024 à 09:20:15
Nous avons de la fantasy mêlant des sorcières dans un univers post-apocalyptique assez intéressant. Il faut dire que l'auteur n'abat pas tout de suite ses cartes et que tout va progressivement.
J'ai beaucoup aimé ce récit avec cette brume tueuse qui s'approche petit à petit du village des sorcières jusqu'à le menacer. Or, il faut découvrir le monde pour connaître les origines et voir comment arrêter ce fléau. Nous avons une jeune héroïne courageuse et un peu mutante qui ne craint pas ce danger.
On voit que c'est assez ambitieux dans la construction. C'est surtout une bonne surprise assez étonnante dans le résultat produit. L'originalité est de mise. Il y a également une bonne dose d'humour dans les dialogues notamment entre les sorcières du village qui forme une vraie communauté.
C'est incontestablement un titre à suivre pour ce qu'il peut apporter dans le monde de la BD et notamment dans le genre de la fantasy. On assiste véritablement à un renouvellement du genre en apportant une touche écologiste quant à la protection de la planète. Certains titres comme « les épées de verre » avaient déjà ouvert cette voie d'anticipation il y a maintenant plus de 10 ans. On est dans cette continuité.
Il ne reste plus qu'à continuer cette marche en espérant ne pas être trop fatigué pour avancer.