Résumé: Deux auteurs de bande dessinée peuvent-ils survivre dans la jungle ? Partis quelques jours en pleine forêt guyanaise avec deux copains baroudeurs, Joub et Nicoby font leur retour aux sources. Chasse, bivouac, cueillette, excursions et trouille bleue s'inscrivent au programme de ce reportage qui conduit nos deux auteurs au coeur d'une nature certes exubérante (et non sans danger pour le distrait), mais aussi de plus en plus menacée par l'homme et son exploitation déraisonnée des ressources.
Au cours de leurs pérégrinations, racontées avec humour, Joub et Nicoby apprennent à connaître les bruits de la nuit dans la jungle, mais se trouvent aussi confrontés à des réalités dérangeantes, telles que l'extraction clandestine d'or dans une zone censément protégée, mais qui est en fait gangrénée par un trafic dont les hommes sont les premières victimes. Un récit complexe, traversé de problématiques très actuelles sur le statut de la vie sauvage dans un monde moderne qui lui laisse de moins en moins de place, et magnifié par la beauté de paysages saisis sur le vif.
É
tant tombés sous le charme de la Guyane à l'occasion du festival BD de Cayenne, Joub et Nicoby ont décidé d'approfondir leurs connaissances de ce lointain département d'outre-mer et de son environnement luxuriant en particulier. Grâce à Olivier et Jérôme, des instituteurs-baroudeurs du cru transformés en guides de circonstance, ils vont passer quelques jours dans « l'Enfer vert ». Si, du studio à la jungle, il n'y a que dix heures d'avion, sur place, l'apprentissage va se révéler intense et plein de surprises !
Manuel de la jungle, le compte rendu qu'ont tiré les deux auteurs de leur expérience se lit de différentes façons. Tour à tour fable humoristique narrant les aventures d'un duo de citadins dans un univers déconcertant, puis leçon de choses sur la vie en forêt et, finalement, pamphlet dénonçant l'orpaillage clandestin et le laissez-aller des autorités face à cette situation scandaleuse, l'ouvrage se balade de liane en liane sans vraiment former un tout. Pris séparément, ces différents épisodes sont drôles, intéressants et révoltants, mais, au final, ne s'accordent que très maladroitement. La faute en revient principalement au ton général que les narrateurs ont donné à l'album. Certes, le choc culturel est immense entre Hexagone et Amérique du Sud. Malheureusement, plutôt que d'embrasser ces différences de perceptions, Joub et Nicoby s'en sont tenus au même rôle de Candide sursautant au moindre bruissement de feuille tout au long du volume. Sur la durée, ils donnent même l'impression de vouloir en finir le plus rapidement possible pour pouvoir rentrer chez eux.
Corollaire à ce choix narratif faussement décalé, l'atmosphère étouffante si particulière de l'équateur ne s'installe jamais. Les scénaristes ne sont évidemment pas Joseph Conrad, néanmoins il manque vraiment quelque chose à ces pages : la moiteur de l'air et le poids écrasant de la chaleur. Pourtant, leurs accompagnateurs avaient tout ce qu'il fallait (attitude désabusée et trompe-la-mort, consommation effrénée de boissons houblonnées, passé étonnant, etc.) pour donner à cette histoire une aura extraordinaire. À la place, le lecteur devra se contenter d'un récit de vacances, parfois extrême, mais globalement très balisé.
Au final, Manuel de la jungle se révèle amusant et dépaysant, même si une bonne partie de l'âme de cette expédition semble être restée sur place.
La preview
Les avis
Erik67
Le 05/09/2020 à 18:54:53
Voilà l'excursion mouvementée de deux auteurs de bd qui ont la vie citadine dans le sang et qui se retrouve confronté à la vie amazonienne. Il faut dire que la France possède un département en Amérique du Sud qui offre la possibilité de se faire de bonne virée dans la jungle à savoir la Guyanne. Idéal pour préparer un manuel du genre des castors juniors.
Ils vont être accompagnés de deux guides aguerris à cette vie composé de chasse et d'au pure. Il est clair que la différence de style et de caractère de ces personnages va faire mouche. Cependant, toute la bd est basée sur cela. Ils ont peur des araignées, des serpents, des alligators, des clandestins orpailleur. Bref, ils crient comme des gazelles qu'on égorge et souvent pour un rien.
J'ai passé un bon moment de détente à la découverte de ce département. Mon cousin y enseigne depuis une dizaine d'années. Il m'a souvent parlé des dangers liés à l'insécurité des clandestins. La menace vient plus des hommes que des animaux dans cet environnement parfois très hostile. Comme quoi ! Les auteurs vont vivre effectivement une expérience unique. Au final, un récit de voyage plutôt amusant.
minot
Le 02/01/2017 à 13:27:54
Même sentiment pour moi; je n'ai pas été vraiment emballé par cet album, dont je n'ai pas bien compris l'intérêt.
Les passages soit-disant humoristiques ne sont pas spécialement drôles, notamment parce que les deux personnages qui accompagnent les auteurs dans la jungle sont présentés comme deux bourrins pas très attachants (alors que dans le fond, ce sont sûrement de bons gars). Quant aux passages plus instructifs, ils ne sont malheureusement pas assez fouillés à mon goût.
Concernant le dessin, si en soit il est plutôt réussi, hélas je trouve qu'il ne s'accorde pas vraiment avec le sujet. Le trait manque de réalisme pour que l'on se sente mieux immergé dans ce milieu forestier hostile. Au lieu de ça, son côté humoristique fait que l'on a du mal à ressentir tous les dangers de la jungle, autant qu'il est difficile de s'imaginer la beauté de certains paysages. Restent au final les couleurs, particulièrement agréables.
Un bouquin au final assez mal fichu, tant dans la forme (dessin) que dans le fond (scénario).
onehmouninehl
Le 15/06/2015 à 11:59:43
Avec une idée plutôt originale, on se retrouve avec un album qui passe à mon avis à côté de son sujet...
En fait d'essayer d'apprivoiser la forêt guyanaise, on se retrouve à suivre les auteurs et deux "viandards" qui prennent la "jungle" comme un loisir, pour se changer les idées après leur semaine de petits fonctionnaires étriqués. Certes, quelques pages plus "pédagogiques" montrent des éléments de la forêt, mais à part tuer des animaux et râler après les orpailleurs clandestins qui empiètent sur leur terrain de jeu (du fait de l'incompétence des policiers/gendarmes locaux - lisez à ce sujet les actualités de la semaine dernière sur le site du journal France-Guyane, par exemple, c'est emblématique), les compagnons des auteurs ne sont pas très intéressants. C'est leur mentor, dont le destin est évoqué en 6 pages de bichromie qu'il aurait fallu suivre. Restent des dessins qui me rappellent ma jeunesse, et de magnifiques aquarelles. Ah, on notera aussi l'absence totale de guyanais. Dommage.