Info édition : Contient un cahier graphique de 7 pages en fin d'album.
Résumé: De l'autre côté de la porte, l'Enfer.Canada, 1922. Après son accident dans les eaux glacées, Daniel a eu le temps de se rétablir au Manoir Sheridan mais aussi de percer le secret de son machiavélique sauveur, Angus Mac Mahon. Cet homme mystérieux désire l'immortalité plus que tout. Et peu importe s'il doit pour cela offrir l'âme de sa nièce Edana aux forces obscures ! Sur le point d'exécuter son plan, il passe dans le monde des ténèbres afin de célébrer l'ultime cérémonie. Épris d'Edana, Daniel va devoir s'engouffrer à son tour dans cet univers cauchemardesque s'il veut la sauver... Il se lance alors sur les traces d'Angus, en compagnie de Mickhaï, le colosse un peu bourru qui travaillait au manoir. Mais plus il progresse dans l'autre monde plus le désespoir le gagne. Mickhaï l'avait prévenu, cet endroit se nourrit de nos peurs... Piégé, Daniel perd doucement courage, rongé par ses souvenirs les plus sombres. Parviendra-t-il à se dépasser pour retrouver à temps Edana et rompre le charme maléfique ? Baigné d'une aura ténébreuse à la Edgar Allan Poe, ou encore d'ambiances proches de certains films de Tim Burton, la fin de ce diptyque nous transporte dans une aventure fantastique. L'ensemble est magnifié par un dessin des plus inspirés !
E
dana est dans un état cataleptique depuis que son oncle, Angus MacMahon, l’a sacrifiée dans sa quête d’immortalité, laquelle trouve ancrage dans un univers parallèle peuplé de monstres. Dans ce deuxième tome du Manoir Sheridan, Daniel se laisse convaincre de porter secours à la belle endormie en franchissant une fois de plus la porte de Géhenne. Le pandémonium se nourrissant de ses peurs, il est hanté par ses mauvais souvenirs, notamment ceux remontant à l’orphelinat où il a trouvé refuge à la suite du décès de son père.
Dans ce scénario en forme de rite initiatique, le garçon est appelé à surmonter créatures lucifériennes et traumatismes de son enfance pour devenir un homme digne de conquérir le cœur de sa dulcinée.
Jacques Lamontagne, surtout connu pour ses illustrations (Wild West, Druides), agit cette fois comme scénariste d’un récit empreint de nostalgie, un monde où les choses sont bien tranchées. À preuve, la galerie des personnages, tous plus archétypaux les uns que les autres : un méchant sans foi ni loi, un pleutre se découvrant une âme de héros, un gentil géant et une princesse qui attend patiemment d’être délivrée.
Certains rebondissements se montrent un tantinet factices : un livre dissimulé sous la veste sauve la vie du protagoniste sur lequel on tire un coup de feu, une porte de sortie inattendue s’ouvre alors que la situation se voulait inextricable ou encore un héritage imprévu assure une fin heureuse au conte. Il faut sans doute y voir une sorte de pacte avec le lecteur, lequel doit éviter de pinailler et plutôt apprécier une sympathique histoire de chevalier inscrite dans la cambrousse québécoise du début du XXe siècle.
Ma Yi (Elphes, Yuna, Orcs et Gobelins) a déjà fait ses preuves dans la fantasy et ses décors, glauques à souhait, renvoient aux pires cauchemars ; ses arbres apparaissent particulièrement terrifiants. À l’inverse, le paladin est dessiné d’un trait presque caricatural ; la nièce assoupie a quant à elle l’allure d’une héroïne de manga. Ce hiatus surprend, sans pour cela être inintéressant. Un peu comme si, à la façon de Tim Burton, l’artiste rappelait qu'il ne faut pas prendre ce récit au sérieux. La colorisation, très foncée, accentue pour sa part le climat d’angoisse déployé par l’artiste.
Un agréable album grand public, à lire par une sombre journée d’automne.