Résumé: Elle s’appelle Mamada et elle appartient à la tribu des Himbas qui vivent au nord de la Namibie. Comme disent les vieilles de son village : « Elle est née avec l’humeur mauvaise. » Comme dit le sorcier : « Elle a été nommée chef du village car personne n’a osé se présenter contre elle. » Quant à N’gaboulo, son mari ... lui, il préfère ne rien dire.
Mamada n’aime pas les jeunes. Elle n’aime pas les touristes. Et elle méprise les blancs.
D’ailleurs, à bien y réfléchir, elle n’aime pas beaucoup les Chinois non plus. Et pour cause, un jour une capsule spatiale « made in china » s’écrase juste à côté d’elle. Une substance étrange s’en échappe et la contamine.
Mamada ne le sait pas encore, mais elle vient d’hériter du Pouvoir Absolu... un pouvoir qu’elle va avoir bien du mal à contrôler.
Quelques heures plus tard, tandis qu’elle essaye de chasser une brochette de touriste venue photographier son village, elle disparaît dans un nuage de fumée ... et réapparait 9000 km plus loin, dans le métro Parisien.
Pas de doute pour elle : Elle est au Royaume des morts !
«
- Mes chéries, je crois que le festival de la baffe kaokolandaise va ouvrir ses portes ».
Elles ne parlent pas en l'air, les vieilles de la tribu des Himbas, surtout lorsqu'il s'agit de Mamada. Moche et méchante, elle fait régner son humeur exécrable sur la brousse de Namibie. Dès la naissance, elle crachait sa colère à la face de l'univers. Devenue adulte, elle ne doit sa couronne qu'au fait que nul n'est assez fou pour oser l'affronter. Mamada n'aime personne, ni les gens du village, ni son ivrogne d'époux, ni sa branchée baskets et Ipod de fille et encore moins les cars remplis de ces crétins de touristes sur qui elle fait déferler toute sa hargne. Mais bientôt, elle aura un terrain bien plus vaste sur lequel s'exercer. Partie à la chasse (et peu importe si c'est inutile car la vocation de son ethnie, c'est d’élever du bétail), munie d'un grigri bidon sensé booster ses maigres talents, voilà qu'une capsule made in China s'écrase sur ses proies. Un étrange gaz rose s'en libère pour s'insinuer en elle et en un petit oiseau à proximité (le détail a son importance). De retour pour se défouler sur ce charlatan de sorcier et, au passage, sur un bus de visiteurs, la voilà téléportée dans le métro à Paris.
Entre deux cycles du Voyage des pères, Daniel Ratte s'accorde un intermède pour composer un personnage haut en couleur, au sens propre (sa peau est peinte en rouge) comme au figuré. Avec cette tronche en biais et ce regard haineux qui fustigent les passagers du Métropolitain, la couverture donne le ton du volume. Teintée de fantastique, toute l'histoire repose sur cette délicieuse bonne femme qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. C'est une succession de scènes cocasses et crédibles, rondement troussées par un trait à lui seul comique, qui s'offrent à la jubilation du lecteur : un minuscule volatile tueur de lion, les Parisiens hagards (et égarés) dans le désert, les chevaliers à casquette dans leur carrosse hyper-tuné. Le tout servi par un verbe percutant. Mais sous l'absurde, se cachent quelques vacheries à l'encontre de l'Occident et un véritable désir de mettre en lumière le peuple himba dont la culture est menacée par le tourisme sauvage. Une seule crainte se profile vers la fin de l'album, c'est de voir cette parfaite anti-héroïne rentrer dans le rang : se sociabiliser et faire preuve de tendresse.
Un Les dieux sont tombés sur la tête sauce acide. Drôle, léger et décapant.
Les avis
Erik67
Le 21/11/2020 à 10:03:02
David Ratte est un auteur qui a un style d’humour assez particulier qui vise à pousser à la réflexion. Ce sont des thèmes bien sérieux qui sont traités comme l’intolérance par rapport à la différence. Il reste dans le même style que Le Voyage des Pères tout en changeant de registre et cela ne sera pas pour nous déplaire. Il parvient très souvent à faire mouche. C’est vrai que c’est parfois poussif et naïf sur le thème du choc des cultures mais le fond demeure bon.
Quant à la forme, j’apprécie toujours la douceur de son trait. On découvre la Namibie, un pays d'Afrique australe assez lointain. On sait que l’un des déserts les plus arides au monde le Kalahari occupe une bonne partie de ce pays. Cependant, au nord, on trouve la région du Kaokoland. On fait la connaissance avec une ethnie singulière les Himbas. Par ailleurs, les femmes himbas, très belles, enduisent leur peau nue et leurs cheveux de terre ocre mêlée à du beurre, par coquetterie mais aussi pour se protéger du soleil et des moustiques. Il est vrai que je les avais tout d’abord confondus avec les aborigènes australiens.
Bref, c’est une série qui s’annonce assez sympathique. Pour autant, c’est quand même un cran en-dessous du Voyage des pères ce qui explique mes 3 étoiles.
ClaireDoc
Le 05/03/2014 à 00:19:51
Une série qui débute...du tonnerre ! Les mots sont ajustés, le scénario bien ficelé, la composition est souvent bluffante, et surtout c'est vraiment drôle. Vous allez adorer Mamada, la raleuse.
Après avoir lu le loufoque "L'exode selon Yona", qui se déroule dans l'antiquité égyptienne, je suis ravie de découvrir maintenant notre époque croquée par David Ratte. Nous suivons donc Mamada, chef de village africain, propulsée par une magie venue d'on ne sait où (elle pense que c'est la faute d'un gri-gri défectueux, mais ce pourrait bien être plus mystérieusement compliqué)... dans le métro parisien. Sous terre, avec des spectres...Enfer ! Pendant ce temps quelques habitués du métro se retrouvent en Namibie...sans réseau...Enfer !
On apprécie le trait de l'auteur et aussi la mise en couleur intéressante et qui donne des ambiances bien calibrées.
Pour tous petits et grands, un moment de lecture à savourer, et à lire plusieurs fois pour saisir toutes les allusions dont l'auteur aime parsemer ses albums.
Je le recommande chaudement !
willybouze
Le 20/02/2014 à 06:46:46
Depuis que j'ai dévoré sa version de la Bible, je suis un adepte de David Ratte.
Il s'attaque ici à un univers assez différent. Enfin... à des univers assez différents, puisqu'ils vont de la Namibie à Paris.
Sous un prétexte scénaristique assez fragile, somme toute, Ratte transpose une Africaine en plein Paris et des Européens en pleine brousse.
Heureusement qu'il y a l'humour toujours savoureux de l'auteur pour nous faire accepter cette histoire qui manque parfois de cohérence (je trouve que Mamada est peu dépaysée et peu sensible aux éléments extérieurs lorsqu'elle arrive à Paris).
Et son sens graphique, et son grand talent pour nous dépeindre des personnages bien trempés...
J'attends la suite, quand même, passke pour l'instant, il me manque quelque chose pour apprécier pleinement l'histoire.