Le 04/04/2019 à 14:39:02
Ah, Guilio! Pauvre petiot! J'avoue que je suis un peu partial quant à cette série. Dans ma jeunesse, je l'empruntais sans cesse à la bibliothèque. J'ai dû la lire au moins vingt fois. En vieillissant, j'ai voulu l'acheter, mais elle était devenue introuvable. Alors quand l'éditeur Paquet l'a republiée plus de 25 ans plus tard, quel bonheur! J'ai tout de suite sauté sur l'occasion de l'acheter. Malheureusement, le dernier album qui conclut véritablement l'histoire (Le lutin farceur) amorcée ici ne sera jamais republié. Ce premier album est pour moi un petit chef-d’œuvre que j'ai le plaisir de redécouvrir chaque année. Notre héros principal, un peu tête en l'air, un peu arrogant, un peu naïf, rêve de découvrir ce qui se cache au-delà de son royaume. Son royaume est entouré d'une immense forêt impénétrable, mais un seul chemin dont personne n'a jamais vu la fin semble traverser la forêt. Qu'y a-t-il à l'autre bout? Guilio, grâce à son fidèle oiseau, est entré en possession d'un objet jusqu'alors inconnu dans son royaume, mais que l'auteur nous garde bien de nous révéler. Piqué par la curiosité, Guilio décide de partir. À l'aide d'un compagnon rencontré à la dernière minute, le colosse Ozgur, nos amis se mettent en route sur le chemin... Arriveront-ils au bout? Ou la forêt les engloutira-t-elle? C'est cette quête, cette marche vers l'inconnu qui m'a toujours fait rêver, moi. Il faut dire que le dessin de Laurent Parcelier est sublime. Ce sont ses décors qui font sa force. Pas étonnant qu'il soit devenu peintre et qu'il a abandonné la BD. Les chaumières donnent envie d'y être. Les paysages donnent envie de les traverser. Les rochers, les broussailles, les bâtiments qui peuplent ses panoramas aux couleurs de l'automne rappellent un air de campagne plus pur, plus serein, plus paisible. L'aventure qui commence ici se lit très bien en elle-même, même si elle n'est pas "complète". Ces fameuses boules vertes, dont on nous expose l'histoire de façon sommaire avant même le début de l'aventure, deviendront au fil des albums le point central de l'histoire. Guilio en trouve une très tôt dans le récit, mais son rôle ici demeure minime. Il est vrai que notre héros est un peu pleurnichard, et qu'il fonce souvent tête baissée sans réfléchir. Cela fait parfois de lui un personnage agaçant. Par exemple, de lancer à son compagnon Ozgur avant leur départ, "Voilà deux jours que nous perdons en préparatifs inutiles!" C'est un chemin dangereux, dont personne n'a jamais vu la fin, et ces préparatifs sont "inutiles"? Et lorsque les provisions seront épuisées, qui s'en plaindra le premier, pensez-vous? Cela étant dit, Guilio reste attachant par sa persévérance, son courage et son désir d'aventure. C'est ce qui, au bout du compte, le mènera toujours plus loin. La fin de la l'album est également surprenante et simple à la fois, ce qui fait d'elle une agréable surprise. "Le voyageur imprudent" n'est pas un livre parfait. Mais c'en est un imprégné de rêves, de fantasmes et de légendes. C'est la déambulation d'un jeune homme qui souhaite découvrir le monde. Quelles merveilles se cachent au-delà de nos horizons?BDGest 2014 - Tous droits réservés