A
ngleterre, 1885. Le Major Burns et son fidèle acolyte le docteur Wayne sont ceux que les autorités appellent quand une affaire devient trop exigeante ou bizarre. Apparition ectoplasmique, malédiction venue du fond des âges ou secte sur le point de procéder à un sacrifice humain, rien n’échappe à leur flair et ni à leurs connaissances encyclopédiques.
Énième parodie de Sherlock Holmes illustrée à la manière d’Edgar P. Jacobs et reprenant tous les poncifs néo-gothiques du répertoire, Les étranges enquêtes du Major Burns se démarque par son approche bête et méchante. En effet, Devig a choisi de jouer la carte de l’odieux et du vulgaire en animant ce duo d’antihéros aux caractères bien trempés. Par contre, hormis les incessantes remarques politiquement incorrectes de ces derniers, le scénariste ne propose rien de très nouveau. Histoire courte oblige, les intrigues se comparent à un épisode de Scooby-Doo et reposent exclusivement sur les réparties acerbes des personnages. Conséquemment, l’exercice montre rapidement ses limites et une certaine répétition des motifs se fait remarquer.
Graphiquement, la ligne claire du dessinateur, ainsi que sa colorisation de circonstance aux tons purs, sont bien en place. Cependant, le décalage recherché entre classicisme et second degré ne soulève pas plus d’enthousiasme que ça. Il faut dire que cette opposition a souvent été vue en bande dessinée, Le jeune Albert du regretté Yves Chaland vient immanquablement à l’esprit, par exemple. Paradoxalement, également basés sur cette même rupture des genres, les strips qui séparent chaque chapitre s’avèrent plus percutants. La mécanique narrative est la même, mais le résultat est plus incisif ; une question de rythme peut-être ?
Amusant un instant, visuellement sympathique, mais finalement complètement futile, Les étranges enquêtes du Major Burns rate leur « passage » en recueil tant les ficelles sur lesquelles fonctionnent son humour sont apparentes. À lire en connaissance de cause.
Les avis
CraigNos
Le 20/09/2020 à 06:35:09
Les deux premières critiques dont celle initiale de BdGest s’accordant sur la déception procurée par cette nouvelle série de DEVIG et le caractère dispensable de ce premier album, sans me prendre pour un redresseur de torts, je m’empresse d’émettre un avis discordant car il a produit un bien meilleur effet sur moi... je trouve cet album jubilatoire et j’en redemande !
Cette nouvelle série aurait tout aussi bien pu s’appeler « Au service de l’Angleterre » tant son esprit frondeur et absurde et son format en épisodes courts rejoignent les ressorts de la série TV « Au service de la France » dont les avis sont tout autant partagés... après on aime ou pas ce genre concept, à chacun ses goûts, moi j’y ai pris beaucoup de plaisir de lecture (certaines répliques sont jouissives) et de contemplation graphique (j’ai retrouvé un peu de l’ambiance du Rendez-vous de sevenoaks de Floc’h et Rivière... de loin, mais quand même !).
Je vous encourage (bien égoïstement) à faire un bon accueil à ce premier tome, comme ça il y en aura un deuxième que j’attends fébrilement... Bonne lecture ! :-)
Parodontax1992
Le 02/09/2020 à 12:30:08
Assez fan de la ligne claire, notamment du travail de Devig sur "Les aventures de Scott Leblanc", cependant ici c'est la franche déception. Il ne s'agit pas d'un récit unique, mais d'une dizaine de mini-récits dont la chute est identique une fois sur quatre.
Le scénario est particulièrement pauvre, dont une invasion de martiens-limaces qui vont mettre enceinte la servante-nymphomane, qui va alors accoucher de limaces... Le tout saupoudré des remarques de nos deux anti-héros: un major psychopathe et un médecin goujat-sexiste-harceleur...
L'idée de base d'apporter un humour noir/cru sur un style de dessins innocent n'était pas mauvaise, mais on tombe dans la facilité quant aux chutes et le mauvais gout globalement. Pas convaincu du tout, passez votre tour...