C
omme le corps humain qui a besoin d’un cerveau pour fonctionner, un général est indispensable à la tête d'une armée. À travers les âges, des stratèges particulièrement inspirés ont su imposer la finesse de leurs manœuvres et devenir des Maîtres de guerre. Cependant, derrière ces figures légendaires se cache souvent une réalité plus terre-à-terre (poil au sicaire).
Changement de registre pour Youssef Daoudi qui passe du thriller réaliste et la fiction historique à l’humour certifié glacial dans Les Maîtres de guerre. L’ouvrage, édité sous le surprenant patronage de Science et Vie Guerres & Histoire, propose une relecture bien barrée des exploits d’une brochette de bellicistes fameux. Malheureusement, l’auteur ne fait pas dans la dentelle et ses récits cherchent plus le ridicule que le pertinent. Également gênante, la volonté parodique des anecdotes se trouve complètement oblitérée par une surenchère misant principalement sur le graveleux et l’infantilisme. Se moquer, oui, mille fois oui, mais encore faut-il le faire d’une façon originale et mesurée. Dans le cas présent, le scénariste se limite à multiplier les clins d’œil appuyés et à donner des coups de coude au lecteur dans le futile espoir de le surprendre.
Les illustrations suivent évidemment le même chemin, avec nettement plus de réussite. Daoudi force logiquement son trait jusqu’à la caricature pour évoquer ces guerriers du passé. Visuellement, le résultat s’avère efficace, avec ce qu’il faut d’outrance. Regards affûtés, mâchoires carrées et uniformes impeccables, le dessinateur s’est visiblement amusé en croquant ces grands hommes et leurs joujoux mortels.
Trop frontal et manquant drastiquement de nuances, Les maîtres de guerre fait long feu et rate sa cible.