Info édition : Noté "Première édition". Format 26 X 29 cm. 2 planches avec un réhaut de couleurs.
Résumé: À l'invitation de Dupuy et Berberian, le duo Ruppert & Mulot avait réalisé dans le cadre de la 34e édition du Festival d'Angoulême une maison close virtuelle et avait convié des auteurs dans ce lupanar à bulles. Outre son installation physique, "La Maison Close" avait pris également la forme d'une bande dessinée en ligne à suivre sur le site du Festival. La voici sous forme d'un grand et beau livre.
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n se souvient peut-être des remous suscités par l’exposition mise en place par Florent Ruppert & Jérôme Mulot lors de l’avant-dernière édition du festival d’Angoulême, laquelle, outre l’installation proprement dite, avait pris la forme d’une bande dessinée en ligne. La Maison close avait ouvert ses portes, le bordel était supposé s’ajouter au bordel dans l’intérêt de la création. Au sein de ce lupanar de bulles, les femmes interprétaient des prostituées voire une femme de ménage (sic), les autres jouant le rôle des clients. Au rang des arbitres, Trondheim s’était vu réserver le rôle du taulier, Ruppert le bar et Mulot le vestiaire. Une répartition qui devait bientôt susciter un vif débat au sein de l’association Artémisia, Chantal Montellier de fustiger l’obscénité du projet, Hélène Bruller de rétorquer qu’ « On ne s'é[tait] pas débarrassé du joug des hommes pour tomber sous celui des féministes ». En tout état de cause, voici l’exposition réunissant une trentaine d’auteurs publiée sous forme d’un grand et beau livre dans la collection Shampooing.
Reprenant le principe du championnat de bras de fer développé par les deux compères : des joutes graphiques où chaque participant met en scène son personnage, le dispositif est a priori passionnant d’un point de vue narratif. Les contraintes sont minimes et l’espace de jeu autorisait une grande liberté de nature à interroger la spécificité du médium comme à multiplier les mises en abyme et les expérimentations formelles. La mise en scène, grinçante, s’avère par ailleurs exemplaire de l’humour noir, du cynisme et de l’inventivité du duo. Malgré tout, l’exercice de style, mêlant dessin performatif et cadavre exquis, atteint rapidement ses limites et s’avère relativement indigeste. Les pensionnaires sont pourtant de qualité, souvent au meilleur de leur forme, mais la mécanique tourne quelque peu dans le vide dès lors qu’elle est plaquée sur le papier. A cet égard, on peut se demander s'il était pertinent de faire, de ce qui n’était après tout qu’une performance - au demeurant conçue par et pour Internet - une version imprimée. Le happening, par définition, résiste mal à la répétition sur la longueur d’un même procédé. A croire que le bordel, même quand il est joyeux, n'a pas vocation à durer.
» Le (strip) teaser de ce curieux lieu de débauche pour lecteur voyeur.