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n 2006, Delcourt Jeunesse aura 10 ans. La parution du premier tome du Vent dans les Saules, en 1996, a donné un second souffle à la bande dessinée pour enfants. Depuis, cent cinquante albums ont été publiés dans cette collection. Celle-ci s'est imposée au fur et à mesure comme une référence et un gage de qualité, en témoignent les nombreux prix reçus depuis sa création. À l'opposé de "Tchô! La collec..." des éditions Glénat qui surfe essentiellement sur le succès de séries à gags en une ou plusieurs planches (Titeuf, Lou!, Marie Frisson...), Delcourt mise sur la diversité des thèmes. Il y a bien sûr les adaptations de classiques de la littérature comme Le Vent dans les Saules/Sables et ses 160 000 exemplaires vendus, Sans Famille ou Le Magicien d'Oz, mais aussi des séries à personnages récurrents à l'instar de Popotka et des Légendaires et des gags en une planche comme Les Blagues de Toto, sans oublier bien sûr d'autres succès comme Petit Vampire, Toto l'Ornithorynque et Pitchi Poï... Bref Delcourt Jeunesse correspond à 200 tonnes de papier utilisées pour des BDs de qualité !
Le Magicien d'Oz est sans conteste l'un des succès de l'année en matière de BDs Jeunesse avec la parution des trois tomes qui la composent en moins d'un an. Il faut bien avouer que la renommée du roman de L. Frank Baum assurait une prise de risque minime. Toutefois, les talents de conteur de David Chauvel et les superbes illustrations d'Enrique Fernàndez ne sont pas non plus étrangers à cela !
Dorothée, Toto (son chien), l'Epouvantail, le Bûcheron en Fer-Blanc et le Lion poltron continuent leur voyage vers la Cité d'Emeraude où ils souhaitent rencontrer le Magicien d'Oz. Chacun espère que son voeux sera réalisé, respectivement retourner au Kansas, avoir un cerveau, avoir un coeur et avoir du courage. Après s'être dépétrés d'un dangereux champ de coquelicôts, ils rencontrent enfin le grand Oz. Malheureusement pour eux, celui-ci exige la mort de la méchante sorcière de l'Ouest en échange...
Une fois de plus, l'adaptation est sans fausse note et respecte à merveille le roman. Le découpage des 24 chapîtres, qui le composent, en trois tomes se fait tout naturellement en gardant l'essentiel. Certes, on aurait aimé passer plus de temps à contempler ce merveilleux champ de coquelicots ou la Cité d'Emeraude, mais l'histoire étant si bien construite, on est une fois de plus sous le charme. Essentiellement narrées par une voix off, comme dans le livre, les aventures de Dorothée pourront paraître ennuyeuses pour les adultes. En fait, on nous explique ce qui se passe, à quoi correspondent les cases. Ce procédé est tout à fait adapté aux plus jeunes. Les autres apprécieront également cette série s'ils sont restés attachés aux contes de leur enfance.
Le style graphique d'Enrique Fernàndez pourra par contre convaincre les amoureux de beaux dessins et de belles couleurs. Son trait participe à la diversité de la collection Delcourt Jeunesse en ne ressemblant à aucun autre. En effet, celui-ci est particulièrement expressif et déformable. On se croirait face à un dessin animé aux couleurs vives et accrocheuses. À l'instar de Michel Plessix ou Yann Dégruel, on reconnait son coup de crayon au simple coup d'oeil. Les personnages sont tels que l'on pouvait les imaginer à la lecture du roman, exceptée Dorothée décidément bien peu féminine, et les décors sont fidèlement représentés et envoutants. La poésie du champ et l'immensité de la Cité d'Emeraude, réhaussée par une gamme de vert splendide à l'image de la couverture,
transparaissent du dessin. Devant tant de maitrîse de la part d'Enrique Fernàndez, on a hâte de découvrir son travail dans un autre genre, notamment dans Les Libérateurs à paraître aux éditions Paquet.
Une fois de plus, on est vite conquis par les qualités évidentes du Magicien d'Oz. On attend impatiemment le troisième et dernier tome de la série, bien qu'on aimerait rester un peu plus au pays d'Oz en compagnie de ce beau petit monde décidément très attachant !
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