Résumé: L'appartement de Nancy, c'est bien, mais le monde c'est mieux ! Après avoir exprimé sa créativité féline dans les pattes de sa maîtresse, Madame revient dans un troisième tome tout en humour et en jeux de mots.
La verve toujours aussi vive, Madame décrypte et commente l'actualité avec lucidité et poésie au fil de ses pérégrinations quotidiennes.
Grève des cheminots, affaire du lait contaminé, inondations, rien n'échappe à son œil aguerri ni à sa griffe affûté ! Surtout pas la rubrique des chiens écrasés !
Initialement publié tout les samedis dans La Matinale du site Le Monde.fr, ce recueil en bichromie, embarque le lecteur dans les trépidantes aventures journalistiques de Madame Grand reporter.
M
adame (c’est le nom du chat, le héros de la série), entreprend une carrière de grande reporter. Le blogue du Monde lui ouvre les portes. Pas mal pour un félin aux points de vue tranchés et pas nécessairement éclairés. Heureusement que Nancy veille au grain et qu’elle recadre au besoin son discours sur l’actualité locale et internationale.
Bien que les sujets demeurent fondamentalement graves, le projet de Nancy Peña a une allure sympathique, voire humoristique. Le ton se veut badin, les jeux de mots foisonnent et la complicité entre les deux personnages se révèle palpable. La scénariste aborde, entre autres, les faits alternatifs et le Brexit (toujours au cœur des discussions), mais également l’assassinat d’une journaliste maltaise et une fusillade dans une école secondaire américaine (qui s’en souvient ?). Rappeler ces nouvelles oubliées justifie certainement de tels recueils. Cela dit, est-il vraiment utile de reparler de la grève des cheminots et du décès du fondateur d’Ikea ? À la base, l’objectif est de publier, à raison d’une ou deux planches par semaine, une réflexion collée sur le temps présent. Mais plusieurs mois plus tard, au moment de la compilation, peut-être vaudrait-il mieux élaguer et retirer les segments obsolètes. Ces saynètes sont par ailleurs faites pour être lues rapidement ; lorsqu’elles sont regroupées et que le lecteur y consacre une heure, c’est beaucoup et un peu redondant. Mais bon, libre à lui d’étaler sa lecture sur quelques jours.
Le dessin demeure relativement sommaire : deux acteurs et très peu de décors. Tout doit donc se passer dans les regards et les expressions faciales. L’illustratrice arrive à bien rendre les émotions dans le visage de son alter ego ; c’est avec beaucoup de subtilité et une belle économie de traits qu’elle illustre la colère, la perplexité, la joie ou le questionnement.
Un coup d’œil dans le rétroviseur pour prendre la mesure d’une année dont l’actualité se montre, une fois de plus, décourageante.