Résumé: Aihara voit passer sa jeunesse dans un isolement conditionné par sa timidité. Elle rêve d’avoir un téléphone portable. Durant un cours, elle perçoit dans sa tête une sonnerie de portable. En « décrochant », elle entre en communication avec un jeune garçon, Nozaki, doté de la même capacité qu’elle. Ainsi va se nouer une amitié à travers le temps et l’espace. Quelle en sera l’issue ?
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éjà isolée du fait de sa timidité, Ryô Aihara l’est encore plus, car elle est une des rares élèves de son âge à ne pas avoir de portable. Pourtant, elle aimerait, elle aussi, pouvoir pianoter textos et mails ou être reprise par un prof parce qu’elle aurait omis d’éteindre son téléphone. Désireuse d’être comme les autres, elle imagine donc le mobile de ses rêves, regrettant qu’il n’existe que dans sa tête. Jusqu’au jour où ce GSM sonne en plein cours. Surprise, Aihara découvre qu’elle est la seule à l’entendre et, quand elle décroche enfin, elle entend une voix, masculine, à l’autre bout du fil. Il s’agit de Nozaki, un garçon qui est exactement dans la même situation qu’elle. Petit à petit, l’un et l’autre vont apprendre à décrypter ce « portable intérieur » en suivant les conseils d’une troisième correspondante, une certaine Madame Harada.
Inner voices constitue l’une des trois nouvelles d’Otsuichi adaptées en manga et rassemblées dans Mad World. Ce récit s’intéresse à un phénomène de société particulièrement prégnant dans la jeunesse, notamment nippone : l’addiction aux outils de communication modernes, à commencer par ce mobile dont il est bien difficile de se passer et qui permet de rester en contact permanent avec son cercle amical et familial. Dès les premières pages, l’auteur prépare le terrain à une intrigue en apparence banale, qui glisse assez rapidement dans le fantastique par le biais du téléphone imaginaire de l’héroïne et de ses deux contacts. De là, si le fond de l’histoire reste relativement simple, le propos et les événements prennent une tournure plus mystérieuse, plus profonde. Le lecteur voit ainsi le personnage d’Aihara évoluer et celui de Nozaki s’étoffer en deuxième partie d’album. De plus, bien que de nombreux passages, dénouement compris, soient plutôt prévisibles, la narration ménage le suspense nécessaire pour qu'il n'y ait pas matière à s’ennuyer. De bonne facture, sans pour autant se démarquer de la production actuelle, le dessin soigné et expressif de Hiro Kiyohara fait le reste, en assurant une bonne lisibilité et une lecture aussi aisée qu’agréable.
Un premier récit qui cerne bien son sujet et en livre une vision intéressante.