Résumé: Frances et Maura sont des jumelles inséparables depuis toujours, une de leur passion commune se trouve être les sciences. Alors quand Maura décède d'un tragique accident, Frances n'a qu'une idée en tête : la ramener à la vie coûte que coûte. Après de nombreux échecs et beaucoup de larmes, un miracle se produit enfin. Frances nage dans le bonheur de retrouver sa soeur, mais le doute s'installe peu à peu... Est-ce vraiment Maura ?
E
lle l'a fait ! Après des semaines de travail acharné et avec l'aide de son époux, Frances a réussi à faire revenir Maura d'entre les morts. Après l'accident qui lui avait arraché sa sœur, la scientifique n'a eu de cesse de chercher le moyen de restaurer son corps et lui redonner vie. Les retrouvailles auraient dû être émouvantes… mais Maura n'a plus aucun souvenir de son existence passée.
Publiée aux États-Unis en 2022, le premier album de Talia Dutton fait évidemment penser à Frankenstein ou le Prométhée moderne. En tout cas au début, lorsque le lecteur découvre pour la première fois ce personnage fait de morceaux de corps réassemblés et traversé par les cicatrices. Il ne s'agit toutefois pas d'une véritable réécriture contemporaine de l'œuvre de Mary Shelley, M is for Monster ne faisant qu'y puiser quelques références et influences, notamment dans les thèmes abordés. Lorsqu'elle a activé son invention et vu des yeux s'ouvrir, Frankie a cru retrouver sa sœur adorée. Il est toutefois rapidement compris que la ressuscitée n'est pas atteinte d'amnésie : il s'agit tout simplement d'une autre personne. Celle qui décide de se faire appeler M fait d'ailleurs la rencontre de l'âme de Maura, présente dans tous les miroirs de la maison, avec qui elle interagit et dont elle a pris l'enveloppe corporelle.
Attachée à promouvoir une représentation positive de la diversité, l'autrice – qui se présente elle-même comme queer, métisse et asiatique – invite les lecteurs à s'interroger sur ce qui forge leur identité propre. Faut-il agir conformément à ce que les autres attendent ou uniquement en considération de soi-même ? Le propos n'est évidemment pas nouveau, assez proche de la métaphore filée dans Matrix, par exemple. Il est ici exposé à travers le tourment qui agite la protagoniste, sans grande subtilité mais de manière assez efficace. Malgré un dessin un peu statique par endroits et quelques imprécisions, l'ensemble est appréciable et assez fluide. Le choix d'une bichromie en nuances de bleu canard concourt à installer l'ambiance électrique et scientifique du récit, même s'il s'avère, sur la longueur, un peu lassant.
Au global, M is for Monster est une première œuvre avec tout ce que cela peut comporter d'imperfections mais qui démontre un réel potentiel de son autrice.