Résumé: Devant une fois de plus jouer le bon samaritain, Lucky Luke se retrouve à l'improviste sur une selle de vélo, pédalant comme un fou pour aider Albert Obermann à mener sa création à bon port jusqu'à San Francisco. Le fabricant veut profiter d'une course cycliste locale pour séduire les citadins avec son tout nouveau deux-roues révolutionnaire. Mais le voyage de Lucky Luke ne sera pas de tout repos : bandits sans scrupule, ploucs bornés et Indiens méfiants n'auront de cesse de lui mettre des bâtons dans les roues et d'entraver la course de la modernité ! Sans oublier Jolly Jumper, qui n'apprécie guère que son cow-boy se recycle...
L
a nuit tombe au Far West. Lucky Luke installe son bivouac en plein désert. Il ouvre une conserve peu appétissante et fait mine de s’assoupir à bonne distance de son feu de camp. Soudain, Smith et Wesson, un couple de brigands, sortent de l’obscurité. Ils s’approchent bruyamment et mettent en joue le bel endormi. Raté, c’était un leurre ! Mains en l’air, les malfrats prennent la tangente à la recherche de leur véritable cible. Mais l‘homme qui tire plus vite que son ombre décide d’intervenir. Il sauve Albert H. Overman, l’inventeur de la bicyclette moderne. Emporté par une ribambelle de bonnes actions, le cow-boy solitaire se retrouve, bien malgré lui, à rouler en chasse patates ! *
En parallèle des aventures « canoniques » de Lucky Luke, une poignée d’artistes triés sur le volet obtient le privilège de produire chacun leur version du héros. Ainsi, les lecteurs ont pu découvrir l’hilarant Jolly Jumper ne répond plus de Guillaume Bouzard. D’autres se sont délectés du classicisme des volumes réalisés par Mathieu Bonhomme (L’Homme qui tua Lucky Luke et Wanted, Lucky Luke !). Par la suite, la structure éditoriale Lucky Comics a souhaité ouvrir les frontières de la narration en sollicitant un bédéiste éloigné de la francophonie. L’heureux élu est Markus Witzel, dit Mawil - dessinateur berlinois connu pour avoir reçu le prix Max et Moritz de la meilleure bande dessinée en allemand pour Kinderland (publiée en France par Gallimard).
L’auteur germanique intègre un duo de truands difformes et pugnaces à son histoire. Ces derniers poursuivent un pauvre ingénieur afin de mettre la main sur l’avenir du vélo. À force de lui apporter son aide, le cow-boy embarque à bord d’un train piégé. Il comprend rapidement qu’un compartiment va exploser. Aussitôt, il se dirige vers le wagon et boum ! Le personnage principal est perdu, isolé au milieu d’une vallée aride et dépourvu de monture ou presque... Tête dans le guidon, le brave entame une traversée de l’ouest sauvage sur une selle d’une autre nature qu’à l’accoutumée. L’enjeu du récit en est tout compte fait dévoilé. Le scénario s’appréhende alors à la manière d’une course jonchée d’étapes et d’autant de malentendus. Les rendez-vous manqués sont savamment orchestrés. Ils répondent habilement aux coups fourrés des ignobles bandits et à la bêtise des habitants de Traffic Gulch. De son côté, Jolly Jumper perd les pédales. Et enfin, le script invoque avec à-propos de drolatiques peaux-rouges, notamment Chameau-Éméché. Bref, l’attirail est complet !
La partition graphique est entièrement imprégnée d’un style tuberculeux. Les longueurs variables des membres, les menottes boudinées à quatre doigts, les visages balancés comme des topinambours et les chaussures simplifiées n’emporteront pas une adhésion massive. Pourtant, le trait de Mawil est vivant. En outre, l’illustrateur dérègle son gaufrier avec parcimonie et innovation. Parmi les trouvailles, il glisse une vignette à l’arrière de deux cases visant à manifester la vitesse du tireur. Il distille également une superbe planche de mirages en hommage à Salvador Dali. De sorte à équilibrer les masses et à introduire des effets de matière, il ajoute un relief charbonneux à ses compositions. Quant au reste du contraste des pages, il repose uniquement sur une mise en couleur convenue.
Ne passez pas à côté de Lucky Luke se recycle autrement sous-titré l‘homme qui déraille moins vite que son ombre. Bon enfant, fluide à tendance anachronique, le western revisite gentiment l’une des grandes figures du neuvième Art (qui mouille le maillot pour l’occasion). Et si vous en doutez encore, sachez que la fine gâchette se révèle un redoutable cycliste !
*Rouler en chasse patates : un cycliste qui navigue entre deux groupes, sans réussir à rattraper le premier et sans se faire rejoindre par ses poursuivants.
Les avis
Pulp_Sirius
Le 07/02/2024 à 15:59:23
Waouh, la note est basse, ici! Pourtant, pour moi, cet album est très semblable à celui de Bouzard... le même genre de parodie, sauf que le dessin de Mawil est plus agréable quand même, non? Prenez, par exemple, la dernière case de la page 55... ça aurait mérité une page pleine!
Bon, sinon, Lucky Luke qui fait du bicycle (vélo), c'est, euh, particulier. On comprend, avant même d'avoir lu la biographie de Mawil en fin d'album, que l'auteur est un grand fan de vélo, juste par ses dessins. Les péripéties que vit Luke avec son vélo sont, bien sûr, complètement farfelues, un peu comme un film d'action des années 80. Il faut "suspendre son incrédulité" un peu beaucoup, pour reprendre une expression anglaise.
Pas mauvais, mais bof.
pale rider
Le 19/06/2021 à 14:24:58
Une parodie de plus estampillée "Lucky Luke" qui n'apporte rien à la série. Graphiquement, c'est passable et l'histoire est tout sauf drôle. Un "vu par" destiné à alimenter le cash pour l'éditeur et à fuir pour tous les amoureux de la série de Morris.
ayeaye
Le 13/06/2021 à 08:54:15
Le moins bon des 4 sortis pour l'instant. L'histoire va à 100 à l'heure, donc on ne s'ennuie pas, mais on ne rit pas non plus ! Certes, on est dans un "Vu par", mais quand même ! Et ça n'est pas la qualité graphique qui peut rattraper le manque d'humour. Le scénario, lui, tient la route, mais on ne retrouve pas le personnage de Lucky Luke. Dommage. "Jolly Jumper ne répond plus", pourtant loin d'avoir un dessin extraordinaire, est largement au-dessus.
minot
Le 07/06/2021 à 09:36:21
Une parodie de LUCKY LUKE originale à défaut d'être vraiment drôle. Le problème vient surtout du fait qu'à aucun moment je n'ai réussi à imaginer que le personnage dont je suivais les aventures dans cet opus était LUCKY LUKE (histoire et ambiance trop décalées par rapport à la série originelle). Dans le genre "scénario parodique servi par un dessin taillé à la serpe", j'ai cent fois préféré le "Lucky Luke vu par Bouzard", qui était vraiment drôle.
Rody Sansei
Le 05/06/2021 à 18:48:44
Auteur inconnu (pour moi), album qui ne sort d’on ne pas où (pas une once de pub pour ce Lucky Luke), et intérêt plus que limité au final. Il ne (me) laissera aucun souvenir.