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ud-ouest de la France, futur proche. Un groupe d’enfants volent vers les vacances ! Youpie ! Tous orphelins placés dans des familles d’accueil, ils bénéficient d’une action généreuse de ColoniZation, l’organisme gérant leurs cas. La joie de vivre ne dure qu’un instant quand l’avion commence à piquer du nez et que la mascotte du camp saute en parachute avant l’impact. Le réveil s’annonce rude, surtout que les survivants réalisent rapidement que derrière ce crash se cache un système de trafic global des plus louches. Dès qu’ils arriveront à repousser cette attaque de poulets-humanoïdes, il faudra mener une enquête. Et puis, d’abord, où sont-ils ?
Stan Silas (Chatons contre dinosaures, Parasites) a décidé de faire les choses en grand et il ne manque pas d’imagination. Pour Lozère Apocalypse, il s’est lâché et propose un thriller survivaliste et dystopique gorgé de références pop-culturelles et de clins d’œil à qui mieux mieux. Impossible de lister toutes les influences revendiquées utilisées dans cette saga lorgnant autant vers le manga, que sur les jeux vidéos, la littérature et le cinéma (tous genres confondus). Distribution pléthorique (avec fiches signalétiques délirantes), rebondissements et coups de théâtre non-stop, la narration fonce à cent à l’heure et ne laisse aucun répit au lecteur. Vraiment, il faut s’accrocher pour arriver à suivre les errances de cette bande de gamins à travers ce microcosme truffé de dangers et peuplé de créatures fantastiques.
Scènes-chocs, retours en arrière explicatifs, dialogues fait de bons mots et de répliques assassines, une pincée de moments plus calmes (juste moins saturés en adrénaline en vérité), sur près de deux cents pages denses, ce premier tome balaye tout sur son passage. Même quand l’auteur tente de faire passer quelques messages sur l’entraide ou l’importance de travailler en équipe, ses bonnes intentions sont immédiatement désintégrées par une révélation ou un énième retournement de situation. Le tout est soutenu par des illustrations au design kawaï abouti et des couleurs électriques de circonstance. Étonnamment, malgré le rythme infernal, la lisibilité reste excellente. Rendons grâce à la science du découpage de dessinateur, celle-ci évite une catastrophe narrative potentielle.
Moins naïf ou gratuit que pourrait le suggérer l’ambiance nawak du récit, Lozère Apocalypse repose sur des prémices sociales fortes et inquiétantes. Méfiez-vous cependant : sous le chaos dramatique, Silas sait où il veut aller et la conclusion à venir dans le deuxième volume risque de surprendre ceux qui pensaient n'avoir à faire qu’à une innocente fantaisie pour otaku blasés et revenus de tout.