D
ans un futur qu'on imagine lointain, notre société est étouffée par la dictature en place. Le gouvernement drogue la population grâce à des pilules éradiquant toutes sortes de maladies et inhibant aussi tous désirs sexuels, allant jusqu'à faire croire que l'organe de reproduction est le nez ! Le clonage humain est parfaitement maîtrisé, et des quotas sont fixés pour déterminer le nombre d'hommes et de femmes ainsi que ceux qui auront un Q.I. supérieur à la moyenne. Kick, un agent de l'Etat sans histoire, se retrouve malgré lui mêlé à un groupe clandestin de résistants, encore attachés à nos valeurs ancestrales. Parmi eux, la belle Xaëlle tente de lui faire découvrir les plaisirs de la vie, à commencer par l'amour de l'Art.
Le scénario de François Mangoval regorge de bonnes idées. La société imaginée effraie tant elle paraît plausible, à l'image du film d'anticipation Soleil vert. On y retrouve certains éléments qui ne sont pas nouveaux tels que le clonage, les puces sous-cutanées ou tout simplement un régime dictatorial mais le principal attrait du récit est plutôt son traitement de la sexualité. La relation entre Xaëlle, entreprenante, et Kick, naïf, est en effet au cœur de l'intrigue. On ne pourra alors que regretter l'absence d'émotion à la lecture de cet album. Les personnages sont froids, les scènes les plus violentes ou sensuelles laissent indifférents, et l'histoire est en fin de compte trop vite expédiée si l'on considère l'immense potentiel de départ.
Peut-être faut-il chercher une part de responsabilité dans les dessins de Franckie Alarcon. Pour son premier album, il montre de grandes qualités avec un trait personnel, assez typé Manga, sans baisse de régime sur les 120 planches de l'album, et une mise en couleur sobre totalement adéquate. Pourtant, son style statique ne paraît pas des plus adaptés aux besoins des nombreuses scènes d'actions et l'inexpressivité de ses visages n'aide vraiment pas à entretenir une ambiance voluptueuse. C'est un peu comme si l'on avait demandé à Loustal, au talent reconnu, de dessiner un Largo Winch...
Quelques mots aussi sur la collection Carrément 20/20. Glénat est un des rares éditeurs à proposer des albums souples en petits formats avec une pagination importante et en couleur, et il faut reconnaître que c'est une bonne initiative. Lisible, attirant et pratique, c'est un format qu'on aimerait voir se développer.
Lovely Trouble laisse une impression mitigée car on ne peut s'empêcher de penser qu'il y avait matière à un récit plus captivant. Quant à Franckie Alarcon, on espère qu'il aura très vite l'occasion de nous montrer son talent sur un projet plus approprié.