I
ls sont quatre. Ils en ont passé des heures ensemble, à répéter dans les garages, à fureter dans les bacs des disquaires, à chiner dans les brocantes à la recherche de la galette de vinyle rarissime. Ce qui les réunit depuis si longtemps c’est leur goût pour la musique, particulièrement celle des combos organisés autour de la formule basique et magique à la fois guitare(s)-basse-batterie. Tout ce temps, ils l’ont aussi employé à s’envoyer des vannes plutôt qu’à s’avouer que les autres sont indispensables à chacun, c’est plus facile. Inséparables. Et ce n’est pas les noces de Manu qui devraient changer quelque chose. C’est plutôt la vie qui menace leur équilibre personnel, et à partir de là, de fil en aiguille…
Pour ce premier volet du quadruple album Love song, à la lumière d’une pochette euh... d’une couverture aussi réussie qu’évocatrice, on pouvait craindre une compilation de petites scènes réunies dans un cadre empesé pour illustrer des chansons des Quatre de Liverpool. Il n’en est rien, ou presque. Les titres sont là surtout comme un fond sonore cher à l’auteur plus que comme le livret d’une comédie musicale. Là ce sont les Beatles, suivront les Stones, les Who et les Kinks. L’essentiel n’est pas l’hommage du fan mais ces trentenaires et plus particulièrement l’un d’entre eux qui sera au centre de chaque album.
L’ouverture se fait donc avec Manu et ses doutes à l’aube de convoler, notamment en ce qui concerne la faculté de résister à la tentation de l’adultère. C’est de bon augure ! Et il faut bien avouer qu’il a du talent Christopher pour orchestrer ces échanges entre vieux potes, souligner leurs traits de caractère parfois agaçants et leurs petites engueulades. Ils ne s’épargnent pas grand-chose, et à ce sujet les remarques cyniques aux relents d’aigreurs de Manu peuvent surprendre. Mais ça sonne juste, au moins aussi juste que les comédies de mœurs typiquement françaises. Dans ce domaine l’auteur continue de creuser son sillon depuis Les filles, qui a posé les jalons de son style, tant graphique que narratif, et affirmé sa « patte » pour dépeindre les relations à l'interieur de groupes d’amis. A cette trame, se greffent aussi quelques réflexions ou sujets actuels (la chirurgie esthétique, la mort qui frappe et qu'on n'attend jamais).
Ensuite chacun pourra trouver sa séquence préférée. La fermeture du magasin de disques, endroit refuge, qui sonne le glas d’une époque, celle de l’adolescence qu’on a du mal à quitter pour plonger dans les vicissitudes de la vie d’adulte (comme si le mariage ne suffisait pas…). Ou le souvenir de la première rencontre. Ou la soirée où l’on trouve ses potes lourds, mais lourds sans pour autant imaginer pouvoir se passer d’eux. Ou encore, pour les plus téméraires qui n’osent plus se cacher derrière leur petit doigt, le(s) moment(s) où la tentation de la chair est là ou si elle n’est pas là… mais bon sang qu’est-ce qu’elle fabrique, ça va bien m’arriver un jour ou l’autre, non ?
Les habitués ne seront pas surpris, les autres… oh puis après tout on s’en fout des autres, on est bien ensemble. Come together !
Les avis
Guyomar
Le 26/09/2007 à 21:31:59
BD sympathique, dans laquelle on se reconnaît assez facilement si on a à peu près le même parcours que les personnages. Reste que dans ce style de BD je suis bien plus touché par les Retour à la Terre de Larcenet, que je trouve plus fin et qui touche plus facilement ma sensibilité de trentenaires.
philippe_grenier
Le 02/04/2006 à 05:01:34
Après [Treize étrange], Carabas. Panini et Dupuis, voici maintenant que Christopher est acceuilli chez Le Lombard qui lui donnent l'occasion de publier le premier de quatre tomes de la série Love Song. En effet, ces quatre tomes seront dédiés aux quatre protagonistes de la série, le premier portant principalement sur Manu, le prochain permettra de connaître Sam plus en profondeur et les deux suivants metteront Greg et «Boulette» sous les feux du projecteur.
Dans ce premier album, le lecteur a droit à une série d'anecdotes portant sur la vie de couple, l'angoisse précédant le mariage, l'adultère et autres sujets de la vie de tous les jours, toutes racontées sur un fond musical - la passion partagée par les quatre personnages - et avec plusieurs clins d'oeil aux Beatles. Quelques fois émouvants, mais principalement axés sur des échanges qui tournent en rond sans jamais rien accomplir, ces récits s'enchaînent les uns aux autres sans créer de sentiment d'intérêt chez le lecteur.
En résumé, cet album se veut touchant et profond, mais on en dégage plus une sensation d'inintérêt qu'autre chose!