L
es fillettes ont découvert Lou alors qu’elle était toute jeune. Après quatorze ans et huit livres, la gamine approche de la vingtaine. D’un tome à l’autre les lectrices (et quelques lecteurs) l’ont vue grandir, ses amours devenir de moins en moins platoniques, sa relation avec sa mère plus complexe, ses amitiés solides. Malgré une publication erratique, la jeune femme vieillit sensiblement au même rythme que son lectorat. Et cela fait partie du charme du feuilleton.
Dans En route vers de nouvelles aventures, l’héroïne est en voyage. Sac au dos, elle bourlingue seule, alors exit maman, chat et amis… et bienvenue les rencontres. D’abord avec la faune d’un appartement où règne un joyeux bordel, puis avec Paul qui travaille maintenant sur un site archéologique et enfin une famille installée sur la plage, avec adolescente en crise et père reclus au grenier. L’album conclut l’arc des cristaux, lesquels disparaissent après avoir poussé un peu partout, paralysé les communications et empêché la protagoniste de contacter les siens. Son quotidien lui manquant, elle choisit d’abréger son périple et est de retour à la maison pour retrouver sa mère (sans frange et avec des yeux), son petit frère et ses copines.
L’auteur a le cran d’amener Lou ailleurs, loin des siens, où elle vit des péripéties à la fois différentes et semblables aux précédentes. Les gens qu’elle croise font immanquablement penser à son entourage habituel et le bédéphile se trouve en pays de connaissance, les personnages secondaires lui manquent cependant. Il y a par ailleurs une carence dans ce chapitre annoncé comme le dernier ; l’aficionado aurait apprécié une véritable conclusion ou, à tout le moins, un revirement majeur. Par exemple, l’intervention du père entraperçu à quelques reprises. En définitive, ce récit a des allures de parenthèse ; il se lit agréablement, mais n’apporte pas grand-chose à la chronique.
Le dessin de Julien Neel s’inscrit dans celui des autres livres de la série (à l’exception de l’inexplicable et catastrophique L’Âge de cristal). Les vignettes sont aussi minuscules que nombreuses, une poignée de planches en accueillent une quinzaine, voire plus. Les décors se révèlent, malgré tout, foisonnants de détails. Aux passifs, mentionnons une certaine raideur dans le jeu des acteurs et des couleurs présentant un excès de rose, de bleu poudre et de vert tendre.
Alors, c’est ici et c'est comme ça que ça se termine ? Certains le prétendent. Pourtant, dans la toute dernière case, le scénariste indique : « Fin de la première saison. » Ouf, il y a de l’espoir.