Résumé: Diego, le matelot à quai, et Théo, l'ancien marin apprenti écrivain, nous entraînent sur les quais du port de Lisbonne, à la poursuite de leurs rêves d'enfance, préservés dans leur mémoire ou abîmés par la vie. Aux récits de voyages de Diego se mêlent les fantasmes d'écrivain de Théo, tous deux obsédés par le fantôme de femmes réelles, imaginaires ou disparues dont ils réveillent le souvenir au gré de leur conversations. De rêves chimériques en vraies blessures, Diego et Théo réinventent leur vie, dans l'attente d'un départ qui n'a jamais lieu. C'est le deuxième album de Bernard Giraudeau et Christian Cailleaux. Traversé par les thématiques chères à Giraudeau – la marine, le voyage, l'amour – cet album allie structure narrative solide, élan poétique et subtilité graphique.
A
vec Les longues traversées, le regretté Bernard Giraudeau nous offre un dernier ouvrage qui, à l’image de son titre, permet de multiples interprétations. De plus, sachant que la maladie n’a pas laissé la chance au talentueux artiste de voir ce projet achevé, cette BD prend, à sa manière, l'allure d'un testament ou plutôt d'un constat, celui d’une vie remplie d’espaces lointains et de rencontres merveilleuses.
Comme pour leur précédente collaboration, R97 Les hommes à bord, Christian Cailleaux et Bernard Giraudeau ont puisé dans l’œuvre et la vie de ce dernier pour proposer un album axé sur le voyage, autant géographique qu'intérieur. Théo, ancien de la Royale, un temps métallo et, par besoin, ex-gigolo, tente de devenir écrivain. Son sujet, Inès de la Flores, riche dame portugaise du XIXe siècle, l'a emmené à Lisbonne. Il y fait la connaissance de Diego, un marin angolais littéralement échoué sur les rives du Tage. Entre les deux hommes, une amitié se tisse à l’ombre de la Tour de Belém.
Deux personnages burinés par les embruns de la vie face à l’horizon. Les amateurs de l’univers de l’acteur trop tôt décédé seront comblés à la lecture de cet ultime opus. Parfaitement mis en images par le trait tout en finesse, quasiment « tout en discrétion », de Christian Cailleaux, les récits, les déboires et les espoirs des deux hommes s’imbriquent et, malgré leurs différences, se complètent sur le quai. Associés à ces périples immobiles, la chronique de la vie d’Inès de la Flores porte un regard rempli de nostalgie sur une époque révolue, mais pas si différente en fin de compte.
Grâce à une narration impeccable et une mise en page très inventive du dessinateur de Piscine Molitor, la lecture est des plus agréables. Entre lumière éclatante et nuit noire, Lisbonne resplendit et surprend au fil des pages. La fusion entre la très belle prose de Giraudeau et le dessin est totale. Ces longues traversées se regardent autant qu’elles se lisent.
Album d’une grande richesse, rempli d’émotions rares, Les longues traversées est chaudement recommandable.
Les avis
Hugui
Le 02/08/2011 à 19:18:56
Entré sur la pointe des pieds dans cet album en craignant un récit abscons, et bien j'ai été agréablement surpris, pris dans l'ambiance des ces destins croisés à la recherche de leur idéal féminin et par une lecture très fluide et très claire, on passe des uns aux autres de façon harmonieuse, à l'égal des dessins dont la variété des couleurs et des ambiances s'adaptent parfaitement.
Bref une jolie découverte alors que j'étais un peu méfiant d'un acteur scénariste.
Ne ratez pas ces longues traversées qui vous feront rêver longtemps.