Le 03/09/2024 à 15:25:17
Leviathan est une excellente surprise qui nous vient de Corée, l'univers du webtoon dont un nombre croissant d'éditeurs français ont compris qu'il regorge de pépites. Et la petite structure Kmics a sur ce coup déniché une vraie pépite à la barbe de Glénat et autres Ki-oon avec ce petit miracle qui parvient à dynamiter le genre post-apo en proposant une série courte aussi populaire que bien construite. Sur un schéma très classique, celui d'un survival marin les auteurs débutent leur série par un premier tome qui se paie le luxe de détailler l'univers dans un tome presque entièrement dédié à l'action. Le rôle de cette ouverture est de nous montrer le désespoir absolu de cette ce groupe familial littéralement submergé par des hordes de monstres qui attaquent vague après vague. On comprend rapidement que le gentil papa à lunettes n'est pas si inoffensif lorsqu'il fait montre de capacités martiales hors du commun, armé de son épée pneumatique. Le héros mystérieux va disparaître rapidement et laisser ses deux enfants isolés sur un ilot. Cette fois les deux enfants sont seuls, toujours face à ces hordes increvables... Aussi à l'aise dans le dessin d'action colorié à la mode dessin-animé que pour des décors métalliques et steampunk Miyoung Noh propose des designs archi-fun en assumant totalement l'aspect populaire de la série lorsqu'il croque une caste de Harponneurs aussi poseurs qu'efficaces pour défoncer les terribles monstres. Et les auteurs connaissent leurs classiques en matière de drame puisque la toute puissance de ces presque-kaiju rend ce monde très inquiétant, la mort pouvant rôder sous chaque vague. Les héros combattants en deviennent d'autant plus héroïques, auréolés de cicatrices, de tenues ou équipements spécifiques. Le second tome voit l'arrivée d'une société maritime qui va héberger les deux survivants après l'intervention de l'atout charme du webtoon: la terriblement sexy et bad-ass Kana, qui mérite à elle seule la lecture du manga. Sans perdre de temps on nous raconte l'origine de cette championne de la chasse au Leviathan et son lien avec les enfants tout en nous décrivant la société de Union-Busan, un rassemblement de navires fortement armés et dotés d'une équipe de Harponneurs. Ce futur est cohérent dans son malheur et les réfugiés ne sont pas franchement dorlotés, chacun devant trouver sa place et son utilité, quel que soit son âge. Le danger est alors autant à l'extérieur qu'à l'intérieur pour de jeunes enfants sans protecteur et qui devront faire face au passé de leur papa. En seulement deux tomes et cinq cent pages full-color (certains râleront sur le cout/volume à presque quinze euros...), doté d'une jolie maquette, Leviathan nous happe de la première à la dernière page sans perdre une minutes, en alternant les très intenses et nombreuses séquences d'action, les apparitions qui feront frétiller les âmes d'ado, une gestion du hors-champ qui gère parfaitement la terreur sans jamais oublier de construire ses relations entre personnages, de tisser des fils pour l'évolution des gamins et de développer progressivement un univers particulièrement cohérent. On pourra trouver à redire sur la physique des humains qui repartent à l'assaut après avoir été lacérés de haut en bas ou sur le design parfois chelou des monstres mais alors il faudra s'en prendre à la quasi-totalité des shonen... Jusqu'ici presque parfait, Leviathan ressemble au guide du parfait manga. Espérons que les auteurs sauront gérer le tempo mais au vu du potentiel, du nombre de points graphiques ou thématiques juste évoqués et de la sympathie totale qui se dégage de l'oeuvre, je ne suis pas très inquiet! Lire sur le blog: https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/05/17/leviathan-deep-water-1-2/BDGest 2014 - Tous droits réservés