Résumé: N'ayez pas peur : Lenore est la petite fille morte la plus kawaï de la BD !
Son univers est rempli de poupées vampires, de nounours possédés, de créatures amoureuses et de petits chatons à serrer dans ses bras (mais pas trop fort.).
Roman Dirge revisite avec brio les thèmes de l'enfance, alternant nostalgie et humour (très) noir. C'est toujours bien vu, souvent touchant et incroyablement drôle.
L
enore pourrait être une charmante petite fille qu’on a failli enterrer un peu vite. Déclarée cliniquement morte, elle a surpris son monde en se relevant d’un bond à la morgue. Du coup, il faut reprendre le portrait : petite, ok c’est bon ; fille allez ok aussi, les barrettes rattrapant le teint grisâtre et les orbites éclatées ; charmante…
Amateurs d'univers macabres, d’humour noir et d'ambiances à fragrances gothiques, il y a de fortes chances pour que vous jetiez un œil (on ne vous le dira pas deux fois sous peine de cécité car là on ne fait pas dans la métaphore) sur ce recueil de courtes scènes-chocs aux allures de fanzine. C’est peut-être un peu statique parfois, dépouillé et simpliste pour certaines figures et nuances de gris informatisées mais les personnages ne respirent pas la santé non plus et on les imagine mal sautiller dans des décors pastels et acidulés. En parlant d'univers atone, elle est marrante, enfin si on veut, l’aversion manifeste de l’auteur pour le milieu hospitalier, sentiment qu’il justifie d’ailleurs dans une note en relatant une expérience personnelle on ne peut plus éclairante. Depuis The Kingdom de Lars von Trier, on ne les voient plus de la même manière les hôpitaux de toutes façons...
La chute de ces historiettes coule de source (le plus souvent une mort atroce précédée de quelques sévices) mais il n'y a aucune gène à se régaler de la manière et du cheminement pour l’atteindre. Un peu voyeur, un peu pervers, il est aussi possible qu’on se prenne à relire à chaque fois les cases qui précèdent la conclusion pour mieux en apprécier la mécanique simple mais inéluctable, rictus aux lèvres de rigueur. C’est tout bêtement amusant. Oh ça n’a rien de malsain, c’est juste un peu cruel. Comme les enfants aux allures de zombis peuvent l’être (savoureux Un nouveau jouet).
A renfort de gags et de pseudo-contes, un univers se dessine et une galerie de personnages se met en place autour de Lenore, dont Mr. Gosh, cet amoureux irrécupérable qui fera tout pour la conquérir (peut-on parler de soupirant alors que la gamine s’acharne à lui faire rendre son dernier soupir…). Rien d'étonnant finalement à voir le créateur de Courtney Crumrin se fendre d’une planche en fin d’album, les univers ayant des affinités.
>> Le site de l’auteur
>> Et surtout un site où l’on trouve des histoires de Lenore en dessins animés
Mais bon, que ça n’empêche pas d’acheter l’album proposé par Semic. Semic ? Ah tiens eux aussi certains avaient eu tendance à les enterrer un peu vite.
Vive Semic !