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e Berlin Est à la Syrie en passant par Budapest, Kiev ou encore la Mer Noire, Léna accomplit la mission qu'on lui a confié. Elle est chargée, avec toute la discrétion nécessaire, de distribuer un certain nombre de petits cadeaux à d'anciens dignitaires de l'ex-bloc de l'Est et à des terroristes toujours en activité. Agit-elle pour son compte ? Est-elle mandatée par une organisation secrète ? Ses motivations appartiennent à un passé qu'elle a manifestement décidé d'oublier pour mener à bien ce long voyage.
Voici une rencontre cent fois imaginée mais jamais concrétisée. Le long voyage de Léna est ce que l'on peut appeller une affiche de rêve en réunissant deux monstres sacrés de la bande dessinée. Cet album est issu d'un voyage à Berlin effectué par les auteurs. Pierre Christin, tout au long de sa carrière, n'a eu de cesse de dénoncer les travers de l'homme et leurs conséquences, que ce soit sous le trait de Bilal avec Les Phalanges de l'ordre noir et Partie de chasse ou avec la fougue de Valérian pour dénoncer toutes les formes de totalitarisme. Après s'être intéressé aux quartiers résidentiels privés (Mourir au paradis), il analyse ici les soubresauts pathétiques de régimes et organisations actives durant la guerre froide et désormais presque inoffensives depuis l'effondrement de l'ancien bloc de l'Est.
Pierre Christin a créé un scénario sur mesure pour André Juillard. Une histoire dans laquelle le dessinateur peut exprimer tout son talent, avec la grâce et la pureté de son trait. Le rythme est lent, très lent, parfois trop car les deux premiers tiers de l'album sont consacrés au voyage de Léna et le doute s'installe petit à petit. On se demande si Christin n'a pas justement trop pensé son histoire comme un très beau carnet de voyage pour faire plaisir à son dessinateur. Les cases sont chargées, parfois trop, avec ces longs dialogues entre les différents protagonistes accompagnés par les monologues de Léna. Pourtant, c'est justement au bout de la mission de la jeune femme que l'auteur arrive à surprendre avec le talent qu'on lui connaît, où chaque élément du puzzle trouve sa place dans une intrigue plus complexe qu'elle n'y paraît. Bien sûr, il ne s'agit pas d'un rebondissement à couper le souffle avec une accélération de l'action qui verrait le trait de Juillard se transformer pour être dynamique. La fin est suffisamment bien imaginée et conclut cet album avec subtilité et finesse.
Le long voyage de Léna est un bel album car il est plus que la somme de deux auteurs talentueux, il est le résultat d'une alchimie qui a parfaitement fonctionné. Un analyse précise et juste de la géopolitique des anciens pays de l'Est illustrée avec finesse et réalisme.
Les avis
Erik67
Le 03/09/2021 à 20:27:02
Que ce voyage de Léna est long et ennuyeux ! Entre récit intimiste et espionnage, l'histoire ne parvient pas véritablement à décoller. Il faut attendre la page 40 pour que cette histoire ait un sens. Une banale vengeance sans queue ni tête !
L'histoire commence à Berlin-Est. Une femme un peu quelconque et mélancolique a rendez-vous avec un homme qui lui remet une liste de noms et d'adresses. Après l'avoir apprise par coeur (Ouah, la femme!), elle détruit la liste et part pour Bucarest où un autre rendez-vous l'attend. Et le voyage ne fait que commencer.
Rappelez-vous le titre : le voyage est long ! Si long !... Après Budapest, Kiev et Odessa, elle ira en Turquie puis en Syrie. Le plus marrant dans tout cela, c'est qu'on ignore tout de son passé et de ses motivations. Accomplit-elle une mission ? Ou cherche-t-elle à assouvir une vengeance personnelle ? Non, c'est une femme en train de se reconstruire. Je n'ai éprouvé aucune sympathie particulière pour ce personnage, c'est dire! :(
Même le dessin respire le classicisme. Aucune innovation majeure... La platitude prend un sens tout particulier avec cet album. André Julliard nous avait pourtant habitué à beaucoup mieux... Une grosse déception ! :(
Je reprends mon avis après la sortie inattendue d'un second tome intitulé "Léna et ses trois femmes". Léna s'infiltre dans une organisation terroriste d'obédiance musulmane intégriste chargée d'envoyer des femmes martyrs se faire exploser au milieu d'une foule de préférence sur un marché.
Malgré le sujet, on comprendra que ce n'est décidément pas une bd d'action. Au moment final, on ne sera rien de ce qui s'est passé. Toute une grande préparation pour un moment fatidique qui se révèlera décevant.
Visiblement, les auteurs ont voulu faire dans un créneau "espionnage et psychologie". Notre héroïne reste toujours aussi froide : presque fidèle à elle-même. Dommage car on aurait voulu une évolution. Les auteurs persistent et signent...
RoRk41
Le 16/05/2020 à 19:04:20
c'est un long voyage - calme, dépaysant, reposant.
Mais ce voyage a une finalité beaucoup plus grave sous fond de terrorisme et d'espionnage.
La conclusion est très peu crédible et trop caricaturale : cela m'a sorti brutalement du repos amené par les tribulations de Léna.
Mercutio_Untold
Le 12/08/2015 à 21:51:42
Un récit intimiste d'André Juillard et de Pierre Christin sur fond de services secrets dans l'ère post-soviétique.
Léna, une jeune femme au regard mélancolique, se trouve engagée un peu malgré elle dans le milieu du terrorisme international et des services secrets. Nous la suivons à travers l'Europe de l'est et le Moyen Orient, exécutant sa mission machinalement dans l'espoir vain de mettre un terme au sourd et profond malaise qui la hante. La sérénité et l'oubli seront-ils au bout du chemin ?
Cette lente traversée des Enfers de Léna fait penser à "Mezek" où les tourments du héros sont au coeur du récit : le désir d'oublier un passé difficile, survivre malgré tout, se baigner pour ne plus penser... Seul l'Amour sera le viatique.
Un très bon album tout en subtilité et intériorité.
lillois
Le 19/02/2015 à 11:22:02
j'ai découvert un peu par hasard cet album , l'intrigue est bonne , le périple de lena se fait tout au long de l’histoire on découvre le triste passé de léna , tout comme ce qui la motive a faire celui ci
personnellement j'ai apprécié cet album
madlosa
Le 18/09/2008 à 17:54:30
Ce long voyage de Léna nous emmène dans un long périple qui part de Berlin Est pour traverser des pays à l'équilibre instable. Ce voyage semble se dérouler de façon presque détendu lorsque Léna distribue ses cadeaux à d'ex dignitaires du KGB ou à des terroristes encore en activité. Pour qui travaille-t-elle ? quel but poursuit elle ? Quel est l'objectif de ces cadeaux ? Ces différentes questions qui nous viennent à l'esprit trouverons réponse aux 2/3 du récit. La lenteur de la narration et l'aspect paisible des planches sont à l'image de la vie de Léna, trompeurs et précaires. Enfin les motivations de l'héroïne apportent un éclairage attachant au récit et la conclusion du périple avec le petit garçon et son papa pleine d'à propos.
toine74
Le 30/03/2008 à 16:05:50
Christin + Juillard, voilà une combinaison qui attire l'œil du bédéphile en maraude...
Christin nous offre une histoire politiquo-morale alambiquée limite surnoise. Pour résumer : Léna, une jeune femme dont on ne sait rien, se "transporte" d'un coin à l'autre de l'Europe et du Proche-Orient livrant à des quidams plus ou moins louche les morceaux d'un plan dont tout le monde ignore le but, et ça jusqu'à la page 41 (l'album en compte 56); 41 pages plutôt bavardes (je me suis crû par instant dans un vieille histoire de Charlier), vaguement remplies d'images plus ou moins touristiques pour se situer. Les 15 dernières pages nous offres un semblant d'explication (sur le passé de Léna, le tenants et les aboutissants du "plan" ) et laissent un nombre de questions non répondues; tout ça sur un fond bien pensant mais limite nauséabond. (Je ne développe pas pour éviter de dévoiler le nœud de l'histoire). Christin, qui a construit une partie de sa gloire (méritée) avec des récits politiques durs sur les mouvements extrêmes (cf. les histoires avec Bilal), semble avoir un peu de peine avec la réalité d'aujourd'hui ou alors il s'est aigri méchamment. Il avait déjà réalisé une histoire un peu semblable, quoique moins ambigüe, avec Ceppi (La nuit des clandestins) et ce n'était déjà pas ça.
L'autre partie de l'équation : Juillard. Juillard fait du Juillard, mais sans grande passion. Peut-être paralysé par la quantité de texte, il reste très plan-plan. Le côté voyage de l'album en souffre beaucoup, on reste figé sur Léna sans voir grand chose des régions qu'elle traverse. Juillard s'en sort grâce à son immense talent mais ça reste quand même pas très excitant au niveau graphique.
Donc, un résultat final qui n'égale la somme de ces deux talents. A l'instar d'autres associations "forcées" (je pense à Lune de guerre du duo Hermann/Van Hamme), l'association de deux univers forts et bien en place est très difficile à réaliser.
voltaire
Le 11/02/2008 à 08:39:51
Christin est un grand scénariste, c'est une chose entendue !
Juillard est l'un des plus grands dessinateurs de BD, c'est une évidence !
Pourtant cette rencontre entre deux montagnes accouche presque d'une souris. Jolie souris au demeurant mais pas complètement à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre.
En attendant, rarement un titre n'a jamais été aussi justifié. Qu'on en juge !
Léna débute son trajet à Berlin, puis file sur Budapest, puis la Roumanie, l'Ukraine, la Turquie, la Syrie, l'Argentine (via Londres) puis l'Australie. Ouf !
Ce voyage au moins dans sa première partie ressemble à une longue descente aux enfers, mélancolique, mystérieuse mais à force finit un peu par être lassante. Quant à la fin elle même, je l'ai trouvée sans grand intérêt que ce soit celle de Dubai, ou l'australienne.
Malgré cela, il n'en reste pas moins vrai que le talent des auteurs fait que l'album se lit avec grand plaisir, tout en laissant donc un arrière goût d'insatisfaction.
Hugui
Le 01/11/2006 à 11:10:41
L'atmosphère de Christin, le beau dessin réaliste de Juillard, cela ne peut faire qu'un bel album envoutant mais sans surprise pour qui connait ces deux auteurs. Cela reste très au-dessus de la moyenne de la production de BD habituelle, mais la rencontre de ces deux génies n'est pas le meilleur de chacun d'eux. Mais c'est à lire pour la description des lieux traversés et l'empathie que l'on éprouve pour la mélancolie de la belle héroïne.