Le 12/01/2020 à 18:06:31
XXe siècle. Début des années '50. Frontière entre la Suisse et la France. Une magnifique Bentley qui se dirige vers la France est arrêtée au poste frontière. Un douanier s'assure que tout est en ordre. A un mètre d'elle, un vieux tacot cale. Malencontreusement, le douanier qui examine la Bentley laisse tomber sa torche électrique qui heurte le parechoc… de l'or ! le parechoc est en or ! le douanier s'apprête à lancer l'alerte lorsqu'un coup de matraque asséné par le chauffeur le met KO. Au même moment, le chauffeur du vieux tacot met discrètement le feu à un paquet d'étoupe imbibé d'essence disposé sous le tableau de bord pour détourner l'attention. La Bentley en profite pour filer en trombe ! Sur la route, elle manque de peu d'emboutir la voiture de Guy Lefranc qui se rend en vacances en Suisse. Arrivé à la douane, le véhicule de Lefranc est réquisitionné par un douanier. Notre journaliste se lance à la poursuite de la Bentley et des trafiquants qui l'occupent… Critique : Voilà plus de quarante ans que je n'avais pas relu cette magnifique BD de Jacques Martin. L'opportunité m'en a été offerte grâce aux éditions Hachette et CASTERMAN qui rééditent toutes les aventures de Lefranc dans une très belle collection avec dos toilé et vernis sélectif. En fin de livre, huit belles pages précisent le contexte de la création du personnage de Lefranc. Pour cette première aventure de Lefranc, Jacques Martin situe essentiellement l'aventure dans son Alsace natale, et plus précisément du côté du château du Haut-Koenigsbourg. Il utilise les vestiges de la Ligne Maginot pour y ancrer une base souterraine occupée par une armée privée qui fait chanter le gouvernement français en menaçant de détruire Paris si une colossale rançon n'est pas versée. C'est dans cette aventure que Lefranc rencontre un jeune louveteau, Jeanjean, qui sera son compagnon, comme Enak le fut pour Alix. D'ailleurs, les ressemblances physiques entre Lefranc et Alix sont frappantes et semblent avoir été voulues par les Editions du Lombard qui éditaient le journal Tintin. Où est passée la femme ? Cette histoire nous rappelle combien la société du début des années cinquante était machiste. Point de femmes pour accompagner Lefranc dans ses prouesses ! Les rares dames dessinées sont ménagères, clientes de restaurant, touristes ou prennent le train… La castagne est une affaire d'hommes ! Martin était ingénieur et cela se sent dans son trait lorsqu'il dessine avions, trains, voitures… La « ligne claire » fut vraiment une invention prodigieuse qui marqua un tournant dans la BD et Jacques Martin y contribua largement. Mon autre plaisir en lisant cette histoire, c'est de retrouver les couleurs qui enchantèrent mon enfance et qui brillent de mille feux dans cette nouvelle édition sur papier glacé. Comme la plupart des BD de l'époque, celle-ci est très « bavarde » : le texte y prend beaucoup de place. Les habitués y retrouveront les expressions « Ah, mes gaillards ! », « Crétin ! Empoté ! », « Blanc bec ! », « A nous deux, misérable ! », … Si je n'ai mis « que » 4 étoiles, c'est parce qu'à peu près à la même époque, j'ai lu « le Secret de l'Espadon », de Black et Mortimer qui m'avait profondément marqué et qui me semblait tellement plus « fort » avec une troisième guerre mondiale à la clé. Les aventures de Lefranc, un journaliste qui venait après Tintin, et avant Ric Hochet, sont caractéristiques d'une époque qui a connu quelques vrais grands reporters tels qu'Albert Londres ou Joseph Kessel. Il n'en reste pas moins étonnant de voir Guy Lefranc savoir tout faire : piloter un avion, guider une fusée, être l'égal d'un général ou d'un inspecteur de police… J'ai été ravi de redécouvrir la technologie de l'époque : voitures, avions, téléphones, trains… Avis aux nostalgiques : précipitez-vous sur cette nouvelle édition (Hachette – Casterman).BDGest 2014 - Tous droits réservés