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ean-Pierre, huit ans, vit dans un petit village paisible, au rythme des saisons et de la nature. Une existence ennuyeuse ? Certainement pas lorsqu’on a l’imagination fertile d’un enfant et un meilleur ami tel que Cyril avec qui il fait les 400 coups. Sans compter une maman parfaite, douce et débordant de tendresse. Mais pourquoi faut-il toujours que les problèmes des adultes se répercutent toujours un jour ou l’autre sur les enfants ?
Après Corps à corps et Incognito, Grégory Mardon met une nouvelle fois en scène son personnage Jean-Pierre dans une fiction teintée d’éléments autobiographiques. Toutefois, si dans les deux premiers le but était de développer une réelle intrigue quitte à y perdre en authenticité, Leçon de choses se rapproche plus de son Vagues à l’âme : intimiste, avec beaucoup de sensibilité, de simplicité et de pudeur.
Au premier abord il est surprenant que ces trois albums soient sortis dans des collections et formats différents (Aire Libre, Expresso et Double expresso). Pourtant, il apparaît vite évident que ce choix n’est pas inopportun et que l’auteur a pu pour le cas présent pleinement s’exprimer et prendre son temps sur près de 80 planches. Ainsi, il n’utilise que peu de textes pour décrire ses scènes et s’appuie au contraire énormément sur une narration graphique souvent remarquable. Par exemple, cette façon subtile d’avancer dans le temps en adaptant son dessin aux saisons, ou encore les scènes pendant lesquelles Jean-Pierre s’évade et transforme la réalité en conte de fée, ou enfin la relation qu’il entretient avec ses parents : extrêmement proche de sa mère pour laquelle il a constamment des yeux amoureux et naïfs, plus distant vis à vis de son père dont le visage n’est jamais montré, toujours habilement caché.
En ce qui concerne le récit à proprement parler, il joue évidemment sur la tendresse que l’on peut éprouver à l’égard d’un enfant plein de vie, innocent et crédule. Un enfant arrivé à un âge où la moindre des péripéties revêt un caractère démesuré et peut marquer définitivement. On pourra regretter par moment un certain manque de rythme mais il est difficile de ne pas être touché par cette histoire simple et juste qui n’oublie pas d’être amusante.
Grégory Mardon est un auteur peu présent sur le devant de la scène mais qui montre à chacun de ses albums combien il est talentueux et à même d’écrire des œuvres habiles et personnelles. Leçon de choses n’échappe pas à la règle.
>> Voir la chronique de Corps à corps
>> Voir la chronique de Incognito : Victimes parfaites
Les avis
gazouz
Le 22/01/2017 à 16:03:54
=> Un petit garçon qui décrit son environnement rural (tout n'est pas bucolique à la campagne, les chats, poulets, et autres lapins ont tendance à beaucoup saigner ...)
=> Des personnages vus avec son regard d'enfant (le colosse du village soulève les tracteurs à mains nues et son frère est violent et taulard)
=> Une jeune, tendre et jolie maman qui s'ennuie (Madame Bovary à la campagne)
=> Un copain-complice inséparable (j'ai eu le même !)
=> La classe d'école unique (toute une époque)
=> Un instituteur adepte du coup de pied au derrière quand il est judicieux (impossible désormais pour risques de procès !)
=> Les adultes qui font quéquette (Cela se pratiquerait toujours ?)
Tendre, à la fois réaliste et poétique.
Je conseille absolument
zaaor
Le 13/01/2007 à 16:17:39
J'ai hésité à savoir si on y allait pour un 10/10. Après mûre réflexion, il y a si longtemps que je n'ai lu une oeuvre qui m'a fait rêver, réfléchir, fait faire des oh et des ah que je me suis dit qu'effectivement, dans mon cas, la note parfaite était appropriée.
J'ai ressenti vaguement des vibrations de mon enfance refaire surface à la lecture de cette magnifique histoire. Ce que j'y ai apprécié est que tout est dans le non-dit, dans la puissance des images qui parlent plus que les mots ne pourraient le faire...
Avis aux coeurs sensibles; la scène du chaton est totalement in-politically correct...
Bravo!
yvantilleuil
Le 02/01/2007 à 17:12:27
Après "Incognito" et "Corps à corps", Grégory Mardon nous livre ici une chronique d’enfance au parfum autobiographique. Trois récits indépendants dans trois collections différentes de Dupuis (Aire Libre, Expresso et Double Expresso), qui tournent tous autour de son personnage fétiche Jean-Pierre Martin.
Jean-Pierre a huit ans et va nous raconter ses aventures avec son copain Cyril, mais il va également partager avec nous son regard innocent sur les événements que lui sert la vie. Traduisant d’abord ses angoisses et ses problèmes dans ce monde imaginaire nourri de rêves qui protège les enfants du monde des adultes, il finira par se faire rattraper par la réalité et par comprendre cette leçon bien amère.
Au niveau graphisme, Grégory Mardon nous sert un dessin qui contribue fortement à exprimer les sentiments du petit Jean-Pierre. De sa balade solitaire dans la forêt au statut de super-héros qu’il attribue à son père, grâce au graphisme, Grégory Mardon parvient à traduire de manière efficace et originale la réalité d’après la vision innocente de Jean-Pierre.
Un récit intimiste, intelligent et sensible, auquel je reproche juste un scénario un peu trop simpliste et un léger manque de rythme.
Guyomar
Le 11/12/2006 à 12:08:13
Dès fois on attend pas grand chose d'une BD et au final on a eu une super surprise...ça a été le cas pour moi avec cette belle Leçon de Choses. La vie paisible du petit Jean-Claude se déroule pas si sereinement que ça et les auteurs arrive à faire passer pleins de choses, parfois drôle, parfois un peu amère à travers le récit du quotidien de ce trou du cul de monde et de ses acteurs. Certaines planches sont vraiment belles et participent très bien à une ambiance très innatendu je trouve.
pailhon
Le 26/09/2006 à 15:45:39
Il n'y a qu'un seul mot : "MAGNIFIQUE"...A lire de toute urgence !!!!
edgarmint
Le 25/09/2006 à 14:12:41
Il semble s'instaurer une constante : la narration de G. Mardon est exceptionnelle. Une manière bien à lui d'amener les choses. Le dessin classique convient parfaitement au scénario et l'ambiance qui doit s'en dégager.
L'année scolaire d'un enfant ressentie par cet enfant, avec en toile de fond la relation de ses parents qui se détériore... L'auteur ne juge pas, l'enfant plus :
Injustice ou non ? sa mère toujours à ses côtés semble payer les premiers pots cassés aux yeux de l'enfant - mais est-elle réellement avec lui ou n'est-elle qu'une présence. Quand au père dont on ne voit jamais le visage et n'est pratiquement jamais là (sauf à la fête d'école), il parait comme une sorte de divinité aux yeux de l'enfant (un super héros - qui serait venu dans un improbable passé défendre son fils à la sortie de l'école). C'est terrible ça, non ? Pas un pour relever l'autre et l'enfant dans toute son innocence au milieu du champ de tir...