Résumé: Sur le port du havre, il y a un barman de nuit… Il s’appelle Jacques Daniel, et le cent quatre-vingt degrés de son horizon est en train de sombrer comme le mercure dans le thermomètre. Un peu comme la courbe du moral des français face à la crise mondiale… Sa Mimi a disparu et le froid hante les rues. Certains lâcheraient prise et se laisseraient glisser sur la ligne du toboggan des statistiques, mais les fêtes de fin d’année pointent le bout de leur nez…
Et puis il y a ce flic qui a besoin de lui mais qui prend sans jamais rien donner en échange. Jacques Daniel s’en méfie… mais il l‘aime bien aussi. Quelque part, il le considère comme son allié. Mais la vérité de chaque jour n’a désormais plus grand-chose à voir avec celle de la veille, et la parano guette… Notre homme a déjà pas mal trinqué… Cette fois, on est dans le dur : Le béton et la neige, et Jacques fait des rencontres qui vont changer sa perception de l’urbain et de son malheur. D’événements en rencontres, des pièces du puzzle vont apparaître, il faudra juste les mettre en place… Mais que pèse un barman de nuit quand sur l’autre plateau de la balance se trouvent un notable et le plus gros fournisseur d’emploi régional ?
J
acques Daniel est barman. Comme quoi un patronyme n’est jamais complètement innocent. De l’autre côté du comptoir, il voit défiler les oiseaux de nuit que Le Havre régurgite. Pauvres hères, amants complices ou petits escrocs, tous cherchent le calme de ce lieu à part.
Le décor est planté et Jay excelle dans la représentation des ruelles sombres et des intérieurs confinés. Si le scénario, bien mené, s’avère somme toute peu original avec son concert de cœurs brisés et de magouilles plus ou moins couronnées de succès, l’ambiance qui se dégage des planches constitue le véritable intérêt de ce récit en deux tomes. Les auteurs ont en effet la bonne idée de s’éloigner régulièrement de la forme classique d’une bande dessinée pour faire le lien avec le roman noir : les cases font place à des illustrations en pleine page qu’accompagnent de longs récitatifs au ton très soigné. L’effet est des plus réussis, avec, à la clé, un rythme lent qui rend très à propos l’aspect parfois figé des scènes et des personnages. Il y a osmose entre textes et dessins, qui se croisent et s’entremêlent allègrement.
Le Havre est une histoire à l’intensité contenue et au suspense savamment entretenu, qui devrait ravir les amateurs de polar. Tout au plus regrettera-t-on une morale un peu trop angélique dans cet ultime volume.
Les avis
pouetepremier
Le 24/06/2014 à 12:54:55
le premier tome me laissait un peu perplexe. La narration type "le tueur" passait beaucoup moins bien et l'ambiance de ce bar paraissait vraiment irréelle. Ce tome est beaucoup plus réussi, avec plus de fluidité et l'intrigue monte réellement (et "plus naturellement") pour finir sur une chute façon 5 dernières minutes.sympa
Jiefd64
Le 22/01/2014 à 23:05:20
Une suite et une fin à la hauteur du premier tome qui permet de creuser un peu plus la personnalité de Jacques et renforcer la chute de l'histoire. Belle histoire, belle ambiance, un dessin noir et blanc pour magnifier le tout. Bref une réussite totale.