Résumé: "Là-bas" est l'adaptation de "Bleu figuier", un roman d'Anne Sibran. "Tu as fermé à clef, mais à quoi bon ? Ils vont venir voler ton Teppaz, piétiner tes Gershwin, pisser sur ton lit. À ce moment, tu les détestes. Ils sont joyeux et tu voudrais pleurer. Crier. Vomir. Mais tu traverses, imperturbable, les rumeurs de musique arabe, les youyous, les klaxons. Demain, l'indépendance. Ils ont déjà les drapeaux. Tu marches plus vite. Une rafale de mitraillette... La ville continue de parler dans ton dos. Tu ne t'es pas retourné. Toi, tu aurais voulu partir en éteignant la lumière... Laisser l'Algérie dans le noir. Le noir pour l'éternité." Pour dire le déracinement, les illusions, les craintes, les blessures d'un homme arraché à sa terre natale, Anne Sibran donne une âme aux mots. Pour dire aussi l'amour d'un père et d'une fille. Tout en retenue, loin de son humour parfois mordant, optant pour une narration graphique sobre et impeccable, soulignée par des couleurs franches et expressives, Didier Tronchet nous surprend et nous émeut. À y regarder de près, ce qu'elle mérite, là-bas est une œuvre magnifique.
C'est un sentiment mêlé de tristesse et de nostalgie que j'ai eu en lisant ce one-shot de l'excellente collection "Aire libre".
Je ne suis pas fan de ce type de dessin mais j'avoue que l'émotion est tout de même passée.
Je pense que la lecture est très instructive dans la mesure où elle raconte de manière auto-biographique la vie d'un rapatrié et qu'on peut ainsi comprendre véritablement leur détresse.
La colorisation donne un véritable ton à l'histoire. La ville d'Alger avec ses coloris jaunes ainsi retranscrite paraît magique...
herve26
Le 17/12/2016 à 13:52:26
Tout d'abord réticent au dessin particulier de Tronchet, je me suis laissé bassement influencé par les nombreuses critiques élogieuses lues ici ou là.
Et quelle ne fut pas ma surprise ! Cet album est véritablement éblouissant, bref magnifique.
Les sept premières pages sont émouvantes.
Sibran et Tronchet atteignent ici le degré d'émotion que j'avais ressentie à la lecture du livre de Taniguchi "Journal de mon père."
Bien que cette bande-dessinée soit l'adaptation libre du roman autobiographique de Sibran, le style narratif employé (le "je") ne fait pas trop romanesque et Tronchet a su parfaitement illustrer ce témoignage.
N'oubliez pas de vous attarder sur la préface, c'est un cri d'amour pour le père... pour "l'homme heureux".
Je m'aperçois que j'ai oublié de vous parler des couleurs, du graphisme, du scénario mais d'autres l'ont fort bien fait précédemment alors lisez ce livre.
Cette œuvre ne peut que vous enchanter.
Magnifique !
dadou193
Le 13/11/2015 à 22:12:57
C'est l'histoire d'un homme qui quitte son pays d'origine. On ressent la nostalgie et les émotions de cet homme, notamment à travers l'usage de couleurs chaude et froide. Le problème, c'est qu'il n'y a aucun scénario ou intrigue... Ce sont des faits divers. Coté dessin, j'ai bien aimé les couleurs, mais j'ai trouvé les visages mal dessiné, surtout celui du personnage principal.
stephaaanie
Le 05/10/2013 à 13:03:09
Je n'aime pas rester sur une mauvaise impression (Ma vie en l'air), alors j'ai remis ça avec le duo Tronchet / Sibran, et là Ô merveille ! Quelle douleur en refermant ce livre. Jusque dans mes tripes j'ai ressentis le malheur du déracinement d'Alain, ce pieds-noirs qui a dû fuir l'Algérie au temps de guerre civile qui détruit tout, le peuple, les familles, les âmes. 1962, Alain est arrivé à Paris avec sa petite valise.. ah non même pas car il a dû choisir entre elle ou ce chien qu'il déteste, et il a choisit le chien. Le pied en France, l'âme en Algérie ; toute une vie de déchirure dont il ne s'est jamais vraiment remis, racontée par sa fille Jeanne, témoin et complice de ses souvenirs. Une vie de survivant arraché à sa terre par la violence, errant désormais dans la tristesse de sa routine parisienne, à la recherche d'un -nouveau- petit bonheur impossible, car loin si loin de là-bas... du soleil, du sable, des palmiers, des dromadaires, de son quartier, des marchands de tapis... et malgré les retrouvailles avec sa mère, sa femme et son bébé, sa soeur qu'il aime tant, rien en fait ne peut cicatriser cette blessure faite de souvenirs heureux mais aussi de ce jour maudit où les mitraillettes ont retenti sur le marché, de cet enfant mort contre lui.
Une oeuvre magnifique sobre et dure, aux couleurs émouvantes, qui ne peut laisser indifférent et nous exhorter à modérer nos sentiments face l'étranger. "On ne peut juger de la vie d'un homme avant d'avoir marché dans ses mocassins", un dicton semblable à bien d'autres, mais dont toute la force resurgit ici. Comment ne pas être empreint d'une compassion profonde face à l'histoire de tous ces algériens semblables à Alain. A lire absolument.
okilebo
Le 07/04/2005 à 19:29:29
La dernière fois que j'ai donné 5 étoiles pour une bd, il me semble que c'était, il y a 1 an, pour le tome 1 de Quartier Lointain.
Et je vous avoue avoir eu du mal à préparer mon avis sur cette bd tellement celle-ci m'a troublé. Mon dieu, que c'est beau !
La-bas est une histoire vraiment touchante. A la lecture de cet album, vous avez franchement l'impression de "vivre" les émotions des personnages. Une envie soudaine vous pousse à vouloir les prendre dans vos bras pour les rassurer et surtout les aider. Impossible de ne pas comprendre leurs douleurs, leurs choix et surtout leurs rêves.
Le scénario d'Anne Sibran est magnifique. Ici, la pudeur et l'émotion sont à l'honneur.
Fatalement, le parcours d'Alain Mercadal mérite notre attention, cet homme qui, en cette période troublée, est obligé de quitter son Algérie natale. De retour en France, il retrouve sa famille mais il doit surtout s'acclimater à un pays qu'il ne connait pas.
Quel courage faut-il pour tout abandonner et essayer d'oublier ce passé qui vous rend nostalgique. Reconstruire une autre vie ailleurs est un défi de taille qui n'est pas toujours facile à assumer !
Chacun des personnages est campé avec force et il se dégage de ceux-ci un petit coté sympathique qui vous fait chaud au coeur.
La narration en voix-off accentue encore plus le coté intimiste et personnel du récit.
Même si ce n'est mentionné nul part, j'ai l'impression que cette histoire est avant tout autobiographique.
Le dessin de Didier Tronchet colle très bien avec le scénario. Il a réussi à nous faire vibrer à travers le vécu de ces personnages. Pourtant, au premier abord, on pourrait être déconcerté par le coté humoristique de son traît par rapport à la trame plus dramatique du sujet. Mais on oublie très vite ce détail tellement on est interpellé par cette bd.
La-Bas est un album précieux comme un être cher. Les frissons vous envahissent, des larmes se noient dans vos yeux et vous êtes heureux............heureux d'être là !
A suivre impérativement !!!
ar sparfel
Le 14/10/2003 à 13:09:04
Le problème des pieds-noirs et leur arrivée en France vu par Sibran et Tronchet.
Il sort de cet album une très grande sensibilité dans la manière de raconter les évènements. Une grande douleur également. La douleur d'un homme déraciné, contraint de quitter son pays pour sauver sa vie et de recommencer une nouvelle vie dans un pays qui n'est pas le sien. Combattre puis subir les préjugés, perdre sa dignité, voilà la douleur présentée par les auteurs.
Un album haut en couleurs, les couleurs chaudes de l'Algérie contrastant avec les couleurs froides de la France. C'est assurément une réussite.