Résumé: Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Noyau pourrait très bien nous dessiner telle ou telle situation d’un trait noir, direct, sans chichis. Mais voilà, il ne se contente pas des codes éprouvés du dessin d’humour, il va chercher la composition la plus savante, le cadrage inhabituel, la plongée ou la contreplongée malaisée, sans parler du jeu subtil des surfaces et des matières. Et c’est précisément parce qu’il en appelle à cette extrême difficulté que s’offre à lui une autre vision des choses. La réalité prend des airs inédits : les voitures roulent sans roues, les portes s’ouvrent sur des murs, le chasseur ne chasse qu’avec ses gardes du corps, toute une ville brûle dans l’âtre de la cheminée, et les objets les plus variés se transforment en pain, croissant, biscuit. Pour bien nous faire sentir sa réalité à lui, il évoque quelques souvenirs d’enfance, en noir et gris, comme sur des photos d’autrefois. Il nous rappelle ainsi que son regard sur le monde ne date pas d’hier. C’est une longue histoire. Il fallait une virtuosité époustouflante pour que nous l’admettions.