Info édition : Noté "Première édition". Préface de 2 pages et interview des auteurs de 2 pages en fin d'album. Couverture avec vernis sélectif. Numéro 1 de la collection.
Résumé: L’Abbé est sans doute le plus emblématique des nouveaux auteurs de Fluide Glacial. Percutant, absurde, parfois trash, parfois tendre, il sait manier tout les humours avec une efficacité déconcertante. Cet album rassemble ses histoires longues parues dans le magazine mais aussi des histoires publiées dans Aaargh ! ou le Psikopat, le tout encadré par l’œil bienveillant de Maëster qui apporte des précisions sur son travail et joue avec les BD de L'Abbé
A
près Geoffroy Monde sous la tutelle de Goossens, c’est au tour de L’Abbé d’être introduit au Saint des saints de l’humour. Afin de le rassurer, c’est Maëster qui s'y colle et l’accompagne le temps d’un album. Petit bonus, en plus d’une introduction et de quelques mots en fin d’ouvrage, l’auteur de Marie-Thérèse des Batignoles a également gribouillé quelques marges au fil des pages et cela sans supplément de frais. Merci à lui.
Esprit plus ou moins déconnant, maîtrise de l’absurde ou du décalage au taquet et osant l’égrillard si l’action l’exige, L’Abbé possède toutes les qualités nécessaires pour figurer au sommaire de Fluide Glacial. Outre un sens de l’observation affûté, il se démarque dans les détournements de genre et le choc des époques. Loin de se limiter à des simples anachronismes, ces jeux de focale temporelle lui permettent surtout d’oser toutes les audaces. Ainsi, un Shérif de western se retrouve dans une situation fâcheuse quand des Nazis l’embarquent dans un wagon à bestiaux à cause de son étoile (Gotlib aurait certainement adoré la noirceur de cette terrible fable). Autre exemple parlant, les conséquences de la christianisation des Vikings sur leurs caractères et le fil de l’Histoire se montrent aussi étonnantes qu’hilarantes.
Même si Maëster a été aimable de se porter volontaire, c’est vers un autre (ancien) auteur de la maison AUDIE que l’inspiration visuelle du dessinateur trouve son origine. En effet, le style et les manières de Manu Larcenet sautent immédiatement aux yeux. Que le trait soit purement caricatural ou plus réaliste, il est impossible de ne pas penser aux travaux de l’auteur de Bill Baroud. Rarement le terme d’influence écrasante n’aura si bien porté son nom tant elle est immanquable. Résultat, malgré toute l’originalité et la force des scénarios, il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec son célèbre aîné.
Du drôle, de l’énorme, du surprenant, L’Abbé n’a pas à rougir. Son imagination, son timing et son art du gag s’avèrent imparables et parfaitement huilés. Un dernier petit effort pour trouver un vocabulaire graphique plus personnel et sa carrière est faite.