Résumé: Pauvre Krrpk, petit alien fraîchement débarqué sur la planète Grook, peuplée d'êtres franchement inhospitaliers, honteusement arrogants et ouvertement racistes. Dès son arrivée, il comprend qu'il n'est pas le bienvenu et qu'il va en baver. Mais Krrpk s'en fiche parce qu'il a un plan, parce qu'il sait qu'ils ne vont pas rigoler longtemps... et parce qu'il n'est pas très malin non plus.
L
orsque Krrpk débarque, après six mois de voyage, de sa lointaine Pokkrann – misérable planète égarée dans le trou du cul de l’univers – sur l’industrieuse Grook, la désillusion est rapide. En proie au dédain des uns, à l’appétence sexuelle des autres, aux filouteries de tous, le naïf épuise le pécule patiemment économisé par sa famille en quelques jours seulement. S’ensuivent moult péripéties pour assurer sa subsistance dans cette contrée en quête effrénée de plaisirs, abreuvée de substances narcotiques, marquée par l’omniprésence du porno, où le mépris est élevé au rang des beaux-arts par la population.
Pourtant, la dénonciation de l’éprouvante condition du travailleur immigré que l’on peut lire en filigrane dans cette œuvre, n’est guère qu’un prétexte – une mouche dans le potache – aux scènes d’humour graveleux qui jalonnent le parcours du pauvre Krrpk. Si certains passages, pour qui affectionne cynisme grivois et subversion licencieuse, sont effectivement très drôles, l’enchainement des séquences est un peu maladroit : le scénario manque du liant qui transformerait un livre à sketchs en histoire véritable. Alors certes, le monde décrit est cohérent, original, mais l’empathie nécessaire envers le héros fait cruellement défaut.
Esthétiquement, un minimalisme purement infographique est de rigueur : mise en page souvent dénuée de cases, figures en aplats de couleurs – vives, voire crues – appliqués sans contours, prédominance d'un traitement froid et peu expressif. Au dépouillement des décors, répond la richesse organique des personnages : excroissances diverses, déjections en tous genres, sécrétions, humeurs, sucs et mucosités, on est loin de la science-fiction aseptisée de certains. Reste que de ce décalage entre la forme et la matière résulte un curieux contrepoint, possiblement déroutant.
Amusantes pour les nostalgiques de l’humour transgressif qui faisait mouche à leur préadolescence, les mésaventures du malencontreux Krrpk peineront à réjouir les lecteurs un tant soit peu plus exigeants.
Les avis
Kull Taras
Le 22/08/2012 à 18:34:43
Attention la classification de cet ouvrage est erronée, il ne s'agit en aucun cas d'un ouvrage jeunesse !! (cf les protoputes, l'alcool et les tournages porno)
Sous ces dessins enfantins se cache une critique acerbe du racisme et des conditions d'immigration. On y retrouve l'humour décalé et absurde de Bill (Lucha Libre, Zblucops) dans une aventure riche en couleurs dont on attend impatiemment la suite !