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akamura Kogaratsu, samouraï pour les uns ou rônin pour les autres, reçoit un appel à l'aide implicite d'un membre anonyme de sa "famille", celle-là même qui l'a chassé sur les routes tel un assassin sans honneur. La mère accueille son fils répudié et le laisse mener son enquête au sein même de son domaine pour trouver l'auteur du message et les raisons de celui-ci. La trahison transpire rapidement et le danger se fait pressant, la conclusion ne pourra être que dramatique. Et libératrice ?
Si qualité ne rime pas avec quantité, et c'est un euphémisme, alors Mitchez pourrait bien être l'un des artisans de ce qui se fait de mieux en bande dessinée depuis ces vingt dernières années. Associé à Bosse, qui sait tirer la substantifique moelle d'une ambiance, d'une époque et d'un art de vivre, qui n'est autre que la passion de "son" dessinateur, cela donne une série presque irréprochable.
A ce compte, retrouver Kogaratsu cinq ans après sa dernière aventure, ne peut être qu'un plaisir simple basé sur l'impatience et sur un statut de série incontournable acquis depuis longtemps. La longue attente exonère les auteurs de donner le meilleur d'eux-mêmes et pourtant ils ne se ménagent pas, même si Fournaise n'est autre qu'une transition. Entre les dix premiers tomes et ceux qui ne manqueront pas de suivre, le onzième album est celui de la renaissance pour le samouraï errant. Ce nouveau départ apporte de nombreuses perspectives pour l'avenir. Le passage par le feu est sans doute nécessaire pour détruire toutes traces du passé et repartir à zéro, vierge, à l'image de la couverture, et peut-être en bonne compagnie... L'affront est lavé dans l'action et la mort très présentes dans ces pages, sans doute au détriment de la méditation philosophique pour les puristes.
Les scènes de combat ne sont pas les plus adaptées pour que le talent de Mitchez s'exprime totalement, il est tellement plus à l'aise dans les scènes de contemplation et de silence cher à l'esprit nippon du XVIIe siècle. Pour autant le dessin reste des plus expressifs et vivants. Les cases sont plus chargées que d'habitude et parfois confuses, à l'image de ce que peut être une bataille dans un chateau, mais le trait est toujours aussi précis. Le ballet des sabres et des kimonos est orchestré de main de maître, laissant peu de repos au héros et un léger goût de trop peu ou de trop vite lu malgré les 52 pages. Mais rythme intense rime rarement avec lecture longue et langoureuse.
La série Kogaratsu s'est construite au fil des albums comme uns suite logique d'aventures d'un homme à la recherche de son honneur. Fournaise n'a rien d'un album mineur, c'est un passage (obligé ?) entre deux périodes. Un retour aux sources indispensable pour un nouveau départ. Bon retour chez vous Kogaratsu San.