Résumé: Amoureux des contes populaires et du merveilleux qui s'infiltre dans les interstices du quotidien, Shigeru Mizuki a placé les yokai, ces êtres surnaturels qui peuplent les coulisses de notre monde, au centre d'une création qui oscille constamment entre fantastique, humour et poésie.
Immensément populaire au Japon, où pas un enfant ne grandit sans dévorer ses aventures, Kitaro le repoussant est le héros emblématique d'une oeuvre qui se penche sur les monstres pour mieux parler des hommes. Sa description fait dresser les cheveux sur la tête : ultime descendant d'une tribu de morts-vivants, Kitaro est né borgne, en rampant hors de l'utérus du cadavre de sa mère, condamné à errer dans un monde qui ne veut pas de lui !
Pourtant, loin du tragique étouffant que laisse présager ce funeste résumé, Kitaro le repoussant est une série délicieuse.
Les tribulations de ce gamin chargé de résoudre les conflits opposant les humains aux yokai sont un plaisir rare mariant subtilement la noirceur à la légèreté.
Les lecteurs français de NonNonBà ne manqueront pas de retrouver dans ce monument de la bande dessinée japonaise l'humour et l'inspiration qui les avaient fait chavirer de bonheur...
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i]Kitaro le repoussant, le titre culte de Shigeru Mizuki, revient cette année, toujours chez Cornélius, dans leur collection Paul. Il ne s'agit pas du douzième et dernier tome, mais d'une mini-série en deux volumes indépendante de l'histoire principale. Une sorte de spin-off, pour rependre le vocabulaire du feuilleton télévisé, intitulée les voyages de Kitaro.
Sortie en 1980 au Japon, cette histoire inédite pour le public francophone emmène notre héros hors de son pays. Comme il le dit lui-même à son ami Ratichon : "Je veux exterminer les Yokai du monde entier." Dès le premier chapitre, les lecteurs retrouvent ce qui fait le charme de cette saga à savoir un bestiaire impressionnant de créatures fantastique, de l'action et un humour scato-loufoque que le mangaka appréciait.
Côté scénario, l’artiste s'amuse. Profitant de la nouvelle ambition de son petit fantôme, il en profite pour le transporter, ainsi que ses amis, aux quatre coins du monde. Cela sera riche en rencontre avec d'autres Yokai et monstres beaucoup plus belliqueux. À l'occasion, la bande va s'attirer les foudres du dangereux Dracula. Celui-ci sera ridiculisé plusieurs fois par Ratichon et cherchera à se venger. L'idée du voyage permet au mangaka d'ouvrir son univers à de nouvelles créatures liées au monde oriental et occidental, qui jusque-là étaient inédites dans son travail. Cela lui permet de comparer de temps en temps les personnages comme dans le chapitre où Simoune découvre que le démon du sable est de sa "famille". La touche poétique est toujours présente, bien que l'humour l'emporte.
Fusako Halle-Saito et Lorane Marois ont traduit et adapté ce tome. Le choix a été fait de laisser certaines onomatopées en langue originale, mais l'essentiel est traduit avec classe et sérieux. De plus, il y a un petit lexique à la fin de l'ouvrage qui revient sur les termes pourvus d'une astérisque dans les bulles. Un gage de qualité et d'exigence qui fait honneur à cette maison d'édition
À l'occasion de la commémoration de l'anniversaire de Mizuki-sama, la sortie des Voyages de Kitaro est une excellente surprise qui ravira les otakus du maître.