Résumé: La jolie Chise Saeki n'a plus le moindre souvenir de l'été d'il y a trois ans. Chaque année, à la même époque, des bribes du passé lui reviennent à l'esprit... mais d'atroces maux de tête les font disparaître. Tout va changer le jour où la jeune fille est secourue par le très étrange Kaoru Katsuragi. Un inexplicable lien se noue entre les jeunes gens faisant ressurgir les démons du passé...
C
hise Saeki est une lycéenne réservée qui ressent un malaise qu'elle n'arrive pas à nommer et dont elle ignore la cause. Elle fait la connaissance de Kaoru Katsuragi, un jeune homme mystérieux, un peu « bad boy » avec lequel elle semble avoir un lien. Suite à cette rencontre, différents évènements s’enclenchent et des souvenirs qu’elle avait enfouis au plus profond de sa mémoire réapparaissent. Trois ans auparavant, elle a été victime d’un viol. Son agresseur refait surface et recommence à la harceler. De plus, elle découvre que son père, pour une obscure histoire de vengeance familiale, est lié à cette affaire. Il en est de même pour Kaoru, dont elle est entre temps tombée amoureuse.
La mangaka, Kaho Miyasaka, a déjà vu deux de ces titres publiés en France : Kare first love et Binetsu shojo. Ces deux références sont des shôjo (manga pour adolescentes) très « fleur bleue », calibrés pour plaire au lectorat visé. Sans doute motivé par l' accueil réservé à ces parutions , Panini nous propose donc une troisième série du même auteur. Bien qu'étant le plus récemment paru chez nous, Kiss in the blue a été édité avant les deux autres au Japon. De suite, on reconnaît le coup de crayon de la dessinatrice. Ainsi, le personnage de Kaoru ressemble à s'y méprendre à Kiriya de la série Kare first love. Le dessin est un peu moins abouti, tout en restant tout à fait correct, et on relève déjà quelques caractéristiques graphiques propres à Kaho Miyasaka, comme les grands yeux donnant l’impression de manger le visage. On remarquera avec raison que ce détail se retrouve dans de nombreux autre titres destinés aux jeunes filles en fleur, mais la mangaka les représente d’une manière qui lui est personnelle et très aisément reconnaissable.
Outre le dessin, il est possible de relever d’autres points communs entre ces trois séries. Les thèmes exploités sont ainsi très proches. Les deux premières histoires racontent les premiers émois amoureux, sujet que l’on retrouve dans Kiss in the blue. Toutefois dans cette dernière il y a une dimension plus sombre de par le traumatisme subi par l’héroïne. Cependant, ce ressort dramatique qui aurait pu accrocher le lecteur ne fonctionne pas. Le caractère effacé et trop naïf de Chise empêche de s’attacher à elle et donc de rentrer dans l’histoire. Certains pourront retorquer que cet aspect de la personnalité de la jeune fille était déjà présent dans les œuvres précédentes et que cela n’était pas gênant. Cela est vrai mais une certaine fraîcheur compensait alors le « côté cruche ». Or dans Kiss in the blue, soit l’effet de surprise ne joue plus, ou alors l’antériorité de ce titre expliquerait que l’auteur ait peut-être moins approfondi le caractère des personnages. Dans tous les cas, la sauce ne prend pas et la candeur tourne à la mièvrerie. C’est sans grande émotion que l’on observe l’héroïne ballottée entre ses différents problèmes. Il en est de même pour le personnage masculin principal, Kaoru, qui reprend les poncifs du genre : le mauvais garçon qui regrette ses actions passées et qui en fait a un cœur même si celui-ci est bien caché, lequel fond devant la gentillesse de sa « princesse ». Bref, cela peut faire rêver à quatorze ans, et cela semble ensuite bien fade.
L’enchaînement des nombreux faits et révélations, qui provoquent à leur tour l’apparition de nouvelles pistes, est assez prévisible. Il ressort de tout cela une impression mitigée. L’utilisation d’une thématique plus sombre avec le viol et l’histoire de vendetta dont Chise est l’involontaire victime aurait pu démarquer ce titre des nombreux shôjo sur le marché en apportant un plus à l’histoire. Ce n’est malheureusement pas le cas. Cela donne un ensemble cousu de fil blanc qui, sans être vraiment mauvais, ne donne pas envie de connaître la suite. Certes, il s’agit d’un premier tome et il est donc possible d’espérer une amélioration du scénario par la suite. La mansuétude voudrait qu’on laisse le bénéfice du doute mais malheureusement, devant la pléthore de mangas qui sortent chaque mois, si une nouveauté n’a pas un peu d’originalité, il y a de fortes chances qu’elle sombre dans l’anonymat des étagères. A réserver aux fans de l’auteur ou à aux lectrices qui sont à la recherche d’amours impossibles.