Résumé: Kirihito Osanai, un jeune et brillant médecin, est confronté à une mystérieuse maladie qui frappe les habitants d'un petit village des montagnes de l'île de Shikoku : les malades se transforment en chien, avant de décéder. Pour les villageois, c'est une possession par la divinité du lieu : le dieu chien Monmô. Pour Kirihito, il doit s'agir d'une endémie dont la cause est écologique.
K
irihito Osanaï est un médecin et un bon. Il officie au C.H.U. d'Osaka où il est confronté à une étrange maladie : une dégénérescence mortelle qui transforme les victimes en improbable homme-chien. La zone de pandémie se situe dans un village reculé du Japon, vivant en quasi-autarcie. Cette maladie est aussi l'occasion de briller dans le milieu médical pour qui en découvrirait les clefs. Sans se douter un instant de ce qu'il va devoir endurer, Kirihito Osanaï est dépêché sur place. Ce n'est que le début d'un bien étrange périple.
Ozamu Tezuka, "dieu du manga", dans ce récit qui date de 1970 ne faillit guère à sa réputation. C'est une histoire protéiforme qui nous est livrée là. Tezuka explore le milieu médical mais à sa manière. Le lecteur d'aujourd'hui pourrait imaginer se faire entraîner sur les sentiers connus d'un "Urgence-like". Termes médicaux, ambiance hospitaliaire, rivalités médicales, tout y est ! Grave erreur ! On est rapidement emmené dans le village d'Inugami Sawa où frappe cette curieuse maladie : la Monmô. L'ambiance y est malsaine, oppressante, claustrophobe. Là encore, on pourrait se croire en terrain connu mais Tezuka arrive encore à surprendre par les directions qu'il fait prendre à son récit.
On est sans cesse aux frontières de l'étrange et du bizarre en suivant les péripéties de Kirihito sans jamais verser dans le fantastique. Mais réduire cette histoire à cet aspect là ne serait pas lui rendre justice. Tezuka en profite aussi pour aborder des thèmes de société tel que le racisme et la violence avec beaucoup de justesse.
Le format du manga est décidément bien adapté pour laisser s'installer et se développer une histoire aussi riche que celle-ci, on n'ose imaginer un équivalent en 48 planches ! Kirihito ne semble pas avoir droit au bonheur et sa route de devoir être longue et tortueuse avant de pouvoir prétendre à la paix. S'il pouvait imaginer à quel point ses malheurs allaient régaler de nombreux lecteurs !